ACTUSJEU DE RÔLEPRESSE

Dungeon Crawl Classics: l’interview de Stefan Poag

Après une campagne de financement très réussie, Dungeon Crawl Classics est en cours d’édition, avec une livraison aux contributeurs originellement prévue pour le début de l’année 2021 (mais qui aura probablement un peu de retard). Une parution qui devancera une sortie en boutique spécialisée mais aussi… en librairie! (via le réseau Hachette). En attendant ce grand moment, l’équipe d’Akileos a réalisé une interview de Stefan Poag, illustrateur sur Dungeon Crawl Classics.

Bonjour Stefan ! Merci de répondre à ces quelques questions pour nous. Tout d’abord, assieds-toi sur canapé et parle-nous de ton enfance. Quelle est l’origine de ta vocation d’artiste ?

J’ai toujours exprimé ma créativité en dessinant. Quand j’étais petit, j’avais toujours de problèmes à l’école quand le professeur me donnait du papier et un crayon parce que je me mettais à dessiner au lieu des maths ou de la rédaction que j’étais censé faire. Je dessinais surtout pour m’exercer à transcrire sur le papier ce que j’avais dans la tête (je ne dessinais pas d’après modèle). Je dessinais juste ce qui me passait par la tête et qui consistait généralement dans des batailles sanglantes de monstres et de héros, dont les monstres sortaient le plus souvent vainqueurs.

Comment as-tu découvert les jeux de rôle ? Est-ce que tu joues encore aujourd’hui ?

Je crois que j’étais en primaire. Un de mes copains n’arrêtait pas de me parler de ce « jeu » où il n’y avait pas de plateau, juste une feuille de papier quadrillé avec des dés aux formes bizarres. Quand on a fini par y jouer, j’ai compris que c’était le type de jeu que j’attendais depuis toujours. Ce qui m’a le plus plu, c’était qu’en théorie, tu pouvais faire ce que tu voulais et qu’il n’y avait pas vraiment de gagnant à la fin de la partie. Le seul but, c’était de passer un bon moment.

Depuis le début de la pandémie, je ne joue plus qu’en ligne, mais je ne plus aussi souvent que je le souhaite. Il y a toujours un problème de temps.

Je participe également à la revue Hobonomicon de Doug Kovacs (www.hobonomicon.com) et je dessine parfois des BD.

Joseph Goodman dit (et je suis d’accord) que tes dessins font penser à de « vraies parties de D&D ». Est-ce que c’est conscient ou est-ce qu’on va devoir entamer des séances de thérapie plus longues ?

Quand j’étais petit, je faisais une fixation sur le Manuel des Monstres de AD&D. J’avais toujours le sentiment qu’il y avait une histoire dans les dessins que je préférais. J’ai aussi grandi dans une maison où mes parents avaient beaucoup de livres sur l’art et l’histoire du Moyen-âge et de la Renaissance, et beaucoup des illustrations, notamment celles de Bosch, Bruegel ou Dürer, m’attiraient particulièrement parce qu’il y avait souvent tout une série de petites vignettes casées dans les coins. Il se passait des choses à l’arrière, en plus de ce qui était décrit au premier plan. J’adorais vraiment les célèbres peintures du « Jugement dernier » de Lochner dans lesquelles des gens nus surgissaient de leurs tombes, avec d’un côté des anges qui attrapaient ceux qui partaient au paradis et de l’autre côté, des démons qui entraînaient les pécheurs en enfer. Je crois que j’avais toutes ces choses dans un coin de la tête quand j’ai commencé à faire des illustrations de jeu de rôle.

Peux-tu nous en dire plus sur ta technique de noir et blanc ?

La plupart de mes techniques sont assez classiques. J’utilise de l’encre et du crayon, parfois en délayant l’encre pour faire des lavis de gris ou du graphite pour des trames. Je scanne souvent mon esquisse rapide et je l’imprime sur une feuille de papier à dessin avec une teinte de bleu très pâle, avant d’encrer par-dessus pour la version finale. Je préfère toujours dessiner un original avec un crayon, mais ma technique d’impression-puis-encrage me permet d’obtenir un dessin plus propre. Et puis, si je me plante, je peux toujours en imprimer une autre et recommencer l’encrage. Donc j’utilise quelques outils numériques pour produire du dessin traditionnel, mais j’aime toujours avoir un original fait à la main au bout du compte. Si je n’utilise pas d’encre sur du papier à la fin, ça ne me convient pas.

Tu fais aussi des illustrations en couleurs. Est-ce que tu préfères la couleur ou le noir et blanc ?

J’essaie vraiment de m’améliorer en peinture, mais tout prend du temps. Ces dernières années, j’ai beaucoup travaillé ma technique de peinture à l’acrylique, mais je progresse moins vite que pour les illustrations à l’encre. Dans le temps qu’il me faut pour faire une peinture, je peux réaliser plusieurs illustrations à l’encre de taille et de complexité identiques. Si j’avais quelques heures de plus par jour, je passerais plus de temps à peindre, mais je n’arrive pas à trouver le temps de faire tout ce que je dois faire (comme nettoyer, sortir mes chiens, payer les factures, etc.), même en période de pandémie.

Mon objectif actuel, est d’améliorer l’expressivité des mes personnages dans mes illustrations d’ajouter des détails intéressants que les observateurs attentifs pourront remarquer. J’ai l’impression que la plupart des personnages dans mes premiers travaux sont assez génériques et j’essaie désormais d’ajouter des touches personnelles aux gens et aux créatures qui apparaissent dans mes dessins.

Quelles sont tes influences ? Des références en art, musique et cuisine sont les bienvenues.

Eh bien, j’ai grandi avec « Le Hobbit » et « Le Seigneur des anneaux », tant en livres qu’en films d’animation et j’étais vraiment à fond dedans. J’adorais les gobelins qui ressemblaient à des grenouilles dans le film « Hobbit » de 1977. J’adore aussi les films de monstres, d’horreur et d’aventure. « The Thing » de John Carpenter, « Alien » de Ridley Scott et « Brazil » de Terry Gilliam m’ont beaucoup marqués quand je les ai vus dans ma jeunesse. Grandir dans le Midwest pendant les années 80 ne m’a pas apporté grand-chose du point de vue musical. La plupart de mes amis écoutaient du rock classique et allaient à des concerts dans des stades immenses, et rien de tout ça ne m’intéressait, jusqu’à ce que je découvre le punk, la new wave et la musique underground ainsi qu’un réseau de petites salles où l’on pouvait assister à des live d’artistes moins connus qui n’étaient pas joués sur les grandes radios commerciales, et j’ai beaucoup écouté ça. Je suis marié à une écrivaine qui aime la science-fiction et les drames. Je crois qu’elle a été une bonne influence pour moi en termes de romans et de cinéma. Je trouve qu’on vit actuellement une période où il y a beaucoup de bonnes fictions à la télévision. J’adore « Lovecraft Country » en ce moment.

Comme je l’ai dit plus haut, j’adore l’art européen de la Renaissance et médiéval, surtout ce qui est rapport avec la religion et le mysticisme. Et j’essaie de rester au courant de ce que font les artistes contemporains. Ian Miller, John Blanche, Mœbius, Philippe Druillet, Chris Mars, ainsi que les travaux de mes collègues sur DCC qui ont tous une influence positive sur moi. C’est vraiment une bonne époque pour être un artiste avec la pléthore d’images intéressantes auxquelles on peut avoir accès dès qu’on ouvre son ordinateur.

Qu’y a-t-il sur ta planche à dessin en ce moment ?

Je travaille sur des illustrations pour un livre sans rapport avec le jeu de rôle et aussi d’autres trucs pour différents projets de JdR pour Goodman et d’autres.

Merci de nous avoir répondu, Stefan.

De rien.

Nicolas Lamberti

Nicolas Lamberti, journaliste et traducteur freelance, critique littéraire et réalisateur de télévision

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