En ma qualité de passionné d’histoire militaire, portant plus particulièrement sur les XVIIe et XVIIIe siècles, je ne peux qu’être séduit par la ligne éditoriale adoptée depuis quelques temps par Nicolas Stratigos. Cette fois encore, le dossier de ce numéro 126 est consacré aux Lumières et à une guerre quelque peu oubliée par le grand public mais qui eut pourtant de grandes conséquences sur le futur de l’Europe (la guerre de sept ans, plus précisément la campagne d’Allemagne). Le récit purement historique est accompagné d’un compte rendu de la reconstitution de la bataille d’Hastenbeck (le 27 juillet 1757), point culminant de la brève prédominance française dans le conflit. Une reconstitution utilisant des figurines 15mm et Might of Reason, l’excellente règle du prolixe Sam Mustafa. Nul doute que les efforts de Vae Victis vont contribuer à élargir le champ de vision de nombre de wargamers qui, quand il s’agit de l’âge de la poudre noire, limitent souvent leurs efforts à la mise en forme de batailles napoléoniennes. Pourtant, sans Frédéric, Marlborough ou le maréchal de Saxe, il n’est pas sûr que le petit caporal ait connu le même destin.
Bien entendu, le magazine ne consacre pas toute sa pagination à nous conter la guerre au siècle de Louis XV. Collant à l’actualité, il joue l’éclectisme même si dans sa rubrique nouveauté, l’on se rend compte que la tendance, dans le secteur du wargame classique à pions, reste tout de même les première et seconde guerres mondiales, avec la présentation et les analyses de moult produits axés sur le ces conflits. La période napoléonienne n’est par ailleurs pas négligée avec une analyse détaillée de Les Maréchaux III, troisième épisode cette série de wargames à l’échelle opérationnelle réalisée par Denis Sauvage. Une présentation très intéressante, qui comprend un entretien avec le créateur, de ce wargame qui se penche sur la campagne d’Augereau en 1814, un sujet rarement exploité.
Même constat pour la rubrique scénarios. URSS 1944 pour Advanced Squad Leader, Normandie 1944 pour Up Front, Normandie 1944 pour Shadow Over Normandie (où quand le fantastique s’invite dans Vae Victis), la seconde guerre mondiale est à la mode ! Mais, pas de souci, Vae Victis n’en oublie cependant pas les autres périodes, notamment dans le domaine du jeu d’histoire à figurines. Ainsi, l’incontournable Jean-Philippe Imbach nous présente Liber Militum Tercios, une règle espagnole (en langue anglaise) qui se pose comme une modeste alternative à Pike & Shotte, le « blockbuster » de Warlords Games, avec comme argument un système très accessible basé sur la mécanique de card driven, aujourd’hui très appréciée par les joueurs.
Très intéressantes également, les deux campagnes. L’une pour Art de la Guerre, la règle dbx d’Hervé Caille, alors que l’autre est consacrée à la guerre civile américaine, sur système générique. La première s’intitule 1426 – Tempête à Chypre. Comme le titre le laisse si bien entendre, son théâtre d’opération est l’île de Chypre, occupée par les Francs d’Orient des Lusignan. Ces derniers doivent faire face aux tentatives d’invasion des armées mameloukes. Cette petite campagne se déroule en deux ou trois batailles, en fonction des évènements. La seconde campagne, Dixie’s Burning, se situe durant l’année 1862, sur le théâtre de l’ouest. Un ensemble de quatre scénarios, qui reconstitue les principales opérations de la bataille de Stone’s River.
Les amateurs de jeu d’escarmouche ne sont pas exclus de ce numéro avec Une escorte de luxe, un sympathique scénario de Pascal Toupy pour le jeu Dead Man’s Hand, qui connait un beau succès auprès des amateurs de cette échelle.
Enfin, pour finir, un entretien avec le catalan Luis Vilalta, créateur de la marque de figurines Minairons. Une interview intéressante, où Luis Vilalta nous dévoile les secrets de son succès, et les difficultés que doivent traverser les petites entreprises artisanales pour faire leur place dans le milieu de la figurine plastique ou résine, à côté de grosses structures comme Plastic Soldiers Company ou Warlord Miniatures.
Vae Victis, numéro 126 – mars-avril 2016
Bimestriel édité par Cérigo Editions
84 pages couleurs
6,95€