Michael Myers, Jason Voorhees, Leatherface, Freddy Krueger, Ghostface, Chucky, Jigsaw, Art the Clown, Pennywise, Dracula…Une liste non exhaustive de noms qui marquent d’un pierre sanglante l’histoire du cinéma d’horreur. Si ce genre est traité depuis longtemps dans le milieu du jeu de rôle avec le mythique L’Appel de Cthulhu, il a notamment explosé dans les années 90 avec le Monde des Ténèbres (comme Vampire: la Mascarade) et Kult. Plus récemment, le succès d’Alien RPG se pose comme un remarquable succès. Et désormais, il y a Shiver, un jeu de rôle de Charlie Menzies, paru en anglais chez Parable Games.
Shiver est ce qui est appelé parfois un jeu de rôle “générique spécifique”. Cette appellation apparaît comme un superbe paradoxe. Dans les faits, c’est bien quelque chose qui existe car certains jeux génériques sont plus orientés que d’autres. Par exemple, Mutants & Masterminds ou Icons, de Steve Kenson sont des génériques spécifiques adaptés pour le genre du super-héros. Anime was a mistake est un générique-spécifique fait pour les mangas et l’animation japonaise. Pour ce qui est le cas Shiver ; le jeu permet, avec un excellent système de jeu, de faire n’importe quoi du moment que l’horreur est très présente. On va détailler tout cela!
« Quel est ton film d’horreur préféré?” (Ghostface, Scream 1 de Wes Craven)
Imaginez que, sur une impulsion, vous venez de voir un film d’horreur trop cool, que vous avez adoré. Vous voulez maîtriser ça et par souci de commodité, vous n’avez pas envie (ou le temps) de méditer sur le système à adopter. Alors certes, vous pouvez toujours prendre L’Appel de Cthulhu et l’adapter mais la création d’un perso de l’ADC est.. soyons honnête, assez longue. De plus, on parle plus d’horreur que d’épouvante. Un genre qui fait que les risques de “Total Party Kill” sont présents, que la mort des personnages a de grandes chances de se produire. Il faut donc un jeu ou un personnage requiert au maximum cinq minutes pour sa création, avec une mise en place rapide.
Sous cet aspect, Shiver évoque Feng Shui 2. Car tout le côté technique est déjà fait et le joueur, ou la joueuse, ne doit se préoccuper que du roleplay. Pas de points à répartir, pas de dons à choisir, pas même de hasard. Un personnage possède six “skills core” qui sont plutôt des caractéristiques. Celles-ci sont affiliées à un archétype, un chiffre, une couleur et un symbole.
Lors du choix de l’archétype, ce dernier a 3 dans toutes ses “core skills” à l’exception de son point fort qui est égal à 5 (ce qui est très élevé) et un point de talent. Ce dernier est lié à l’utilisation de D8 dont on verra plus tard le système. Le personnage possède un “don” mais qui n’est pas au choix du joueur ! Donc la création d’un personnage ne nécessite que quelques minutes.
“Salut, je suis Chucky, ton nouvel ami? Tu veux jouer?” (Chucky dans Child’s play, 1988, Tom Holland)
Bon, vous avez votre personnage, Maintenant, comment qu’on y joue? Et bien, étonnamment, Shiver est d’une grande simplicité. Vous lancez des dés à 6 faces et en fonction de l’action que vous faites, il faut obtenir les symboles correspondant. Vous voulez forcer une porte? Faites un test de “Grit”. Vous voulez convaincre un policier ? Faites un jet de “Heart”. C’est aussi simple et qu’efficace, Plus vous avez de réussites, mieux c’est.
Si vous avez des points de talents, vous lancez autant de D8 que le nombre de points de talents. Sur un score de 1, cela amène 2 symboles étrange. Sur des résultats de 2 et 3 deux symboles étranges. Sur 4, 5 et 6 une réussite normale et sur 7 et 8 deux réussites normales. En cas d’avantage ou désavantage mineur, vous gagnez ou perdez un point temporaire de core skills et en cas d’avantage ou désavantage, ce sera un point de talent. Si vous n’avez pas de point de talent, c’est DEUX points de core skills! A minimum de 1…
Si vous obtenez des symboles de chance, il se passe des choses intéressantes. D’une part, vous pouvez les “stocker” pour lancer plus tard des dés de compétences (les fameux 6 “core skills”). Vous pouvez également échanger 2 symboles de chances pour une réussite MAIS le metteur en scène ajoutera un petit quelque chose de piquant pour son scénario…Enfin, vous pouvez vous en servir pour reculer la Doom clock d’un point.
En cas d’échec, non seulement vous ne réussissez pas mais chaque symbole étrange ajoute un point à la Doom clock. Qu’est-ce que c’est cette Doom clock? Et bien c’est un compte à rebours qui met la pression…Constitué de 4 quarts d’heures avec 15 cases, chaque point d’étrange lors d’un échec et certains pouvoirs de l’étrange avancent ce compte à rebours qui à chaque quart d’heure provoque quelque chose…
– A 11h15, la nuit tombe et les tests d’enquête deviennent plus difficiles
– A 11h30, un PNJ clef se fait tuer!
– A 11h45 le meilleur moyen de s’échapper est ruiné!
– A Minuit, le tueur/monstre vous en veut et ne va plus vous lâcher!
Je trouve cette idée brillante. Je serai même du genre à laisser la Doom clock apparente pour jouer avec le méta et provoquer de la paranoïa chez les joueurs. Mieux encore, si un de vos joueurs dit une connerie, appliquez-la et ne le laissez pas revenir sur son action (ou alors faites le mais avancez la Doom clock de manière significative!).
Enfin, il y a une mécanique de peur. Celle-ci est très simple et efficace. Lorsque vous devez avoir peur, faites un jet de “Strange” (Étrange, violet, œil avec un éclair, 5) en cas de réussite, pas de soucis. En cas d’échec, vous avez peur, vous subissez un malus de 1 en core skills et la Doom clock avance ! Ratez de nouveau et vous êtes terrifié ! A ce moment là, le malus passe à 2 et la Doom clock avancera de nouveau!
« Here’s Johnny! » Jack Torrance, ‘The Shining’ (1980)
Et en ce qui concerne la section pour le meneur? Et bien, elle est complète. On vous explique comment créer un scénario d’horreur, le développer en campagnes à coups de séquelles (car il faut vraiment envisager Shiver comme un JDR cinématographique), développer le monde, etc. On vous propose aussi un bestiaire, comment créer vos propres monstres et tueurs et on fait de même avec l’inventaire. Les fans de Resident Evil vont être aux anges. On vous propose également un simili-scénario.
“Ils sont là” (Carol Anne, Poltergeist, 1982)
Avant de vous donner ma conclusion, voici un petit-compte rendu de mon one-shot que j’ai fait dimanche 10 Novembre au soir. Comme duit plus haut, la création de personnage est quasi instantanée, laissant la part belle au développement et au RP. Une excellente idée qui permettra aux joueurs qui perdent leur personnage de facilement rebondir. Le système de jeu n’a pas du tout gêné mon joueur qui a trouvé que c’était simple mais pas ennuyeux, il a notamment beaucoup aimé la pression que met la Doom clock. Enfin, son personnage était à la fois fort, mais sans pas trop, et il en a bavé pour venir à bout du monstre (j’ai dirigé un scénario dont l’action se déroule en 1945, durant le débarquement de Normandie, avec des Allemands qui ont trouvé le Nosferatu et utilisent son sang comme dopant).
Conclusion
Au préalable, je n’étais pas du tout client de Shiver, Cependant, après lecture et test, je peux à présent dire que le jeu est vraiment excellent. Grâce à de nombreuses bonnes idées, le fait que les auteurs ont pensé au côté pratique autant pour les joueurs que les meneurs. Que la gamme se développe bien. C’est une gamme que je recommande. Et grâce à l’application, pas d’excuses pour les dés spéciaux! Surtout qu’il existe une table de conversion…
Shiver RPG : testé en VO, en PDF, acheté sur Drivethrurpg, Financement participatif en cours pour la VF par Arkhane Asylum Publishing sur Games On Tabletop