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Dragonbane: la critique

Dragonbane est un jeu de rôle de style OSR « revisité » dont la VF est bientôt disponible chez Arkhane Asylum Publishing (la campagne de financement sur Game On Tabletop ayant connue un joli succès). Il s’agit en fait d’une résurrection de Drakar och Demoner. Paru en 1982, il est le plus ancien jeu de rôle suédois, un best seller trouvant son inspiration dans les premières éditions de RuneQuest, avant de passer au D20 via des suppléments. Avec Dragonbane, les responsables de Free League entendent donc de rendre hommage à un jeu qui a bercé leur adolescence. Non sans avoir rajouter leur petite touche Year Zero Engine… Voyons un peu ce qu’il en est.

C’est dans la boîte

Dragonbane, c’est avant tout une boîte. Du même type que Forbidden Lands. A l’intérieur, deux livres (règle et une campagne), un livret pour le jeu solo, une grande et superbe carte en couleur de la région de Valbrume (setting de la campagne) dessinée par Francesca Baerald, une paquet de cartes (initiative, trésors aléatoires) dix dés, des personnages prétirés, un bloc de feuilles de perso vierges, une planche de silhouette cartonnée, une carte quadrillée pour les combats. Les visuels sont superbes, le matériel de belle qualité, avec un sympathique côté old school.

C’est dans les vieux pots…

Pensé comme un hommage à la fantasy classique des années 1980, le jeu mêle simplicité des règles, humour assumé et grand sens de l’aventure. Il s’impose comme un JdR accessible, rapide à prendre en main, tout en cultivant une identité propre (le ton sombre peut-être calibré en fonction des goûts du groupe de joueurs), entre nostalgie et légèreté. En conséquence, le monde de Dragonbane est délibérément générique : des forêts hantées, des ruines antiques, des dragons endormis, des cités à explorer… Cela facilite l’improvisation, mais peut aussi sembler un peu fade pour ceux qui cherchent un univers plus original ou développé. Ici, on évolue dans les mêmes environnements que ceux de D&D, L’Oeil Noir et autres héritiers des années 80. Le jeu assume un certain second degré, avec par exemple la présence de canards humanoïdes (oui, les même que ceux l’on rencontre dans RuneQuest !) comme race jouable.

Que l’on fait les meilleurs soupes…

Une facilité d’accès, idéale pour l’initiation, par son aspect Dungeon Crawl, mais également pour ceux qui le souhaitent des campagnes plus touffues, grâce à son système d’évolution de personnages, Dragonbane est extrêmement versatile. Le système est basé sur le D20 mais avec des tests réussis en dessous de la compétence, au nombre d’une petite vingtaine, avec des valeurs allant de 3 à 18. Comme traditionnellement, un 1 (le dragon) est toujours une réussite critique (un gain de temps, effet amplifié, etc,), un 20 (le démon) un échec critique, qui génère une maladresse, une casse d’objet, etc. Si on réussit son test, l’action est effectuée normalement, En cas d’échec, on rate, sauf… voir plus bas. Dans l’ensemble, Dragonbane privilégie l’efficacité et la narration fluide à la complexité ou à la simulation.

Pour la progression des personnages, on retourne dans l’esprit Basic Role Playing. On coche la compétence sollicitée quand l’action est réussie, A la fin de la séance, on lance un D20 pour un test d’expérience, si le jet est supérieur à la valeur de la compétence, elle augment de 1.

Mais pourquoi ne pas revisiter (un peu) la recette ?

Si l’action est ratée, le joueur peut bénéficier du système  Push. Il est hérité du moteur Year Zero Engine si cher à nos chers Suédois. Cela pousse les joueurs à prendre des risques, car les joueurs peuvent retenter un test, mais en cas de nouvel échec, le personnage survit un effet négatif physique ou psychologique, en fonction de la nature de l’action. On appelle cela un état (l’état Épuisé impacte la Force, l’état Malade impacte la Constitution, etc.), qui inflige un désavantage (un fléau) lors des tests faisant entrer en compte la caractéristique concernée. En effet, toujours dans un souci de modernisation et de simplification, certains test peuvent être effectués avec un avantage (on lance 2D20 et on choisit le meilleur résultat) ou désavantage (on lance 2D20 et on prend le plus mauvais résultat). Ce sont les Faveurs et les Fléaux.

Et si je n’aime pas le canard…

Bien entendu, Dragonbane ne propose pas que ces volatiles comme personnages joueurs ? En fait, le choix est large, même s’il reste assez classique. Parmi les races jouables, il y a donc les Canards (impétueux, voire colériques), mais aussi, ben, les Humains (le standard), les Elfes (élégants, distants, liés à la magie et à la nature), les Nains (Robustes, travailleurs et… têtus), les Halfings (joyeux, discrets et futés) mais aussi, plus rares, les Wolfin, qui sont en quelque sorte des loups-garous. Ces races amènent divers bonus et aptitudes spéciales.

A cela, s’ajoute des professions, au nombre de 10. Elles déterminent les compétences de départ, les équipements, etc. Sans surprise, ces professions sont l’Artisan, le Barde, le Chasseur, le Chevalier, le Combattant, l’Érudit, le Mage, le Marchant, le Marin, le Voleur. Il y a également les Compétences Héroïques, qui sont propres à chaque profession.

Les Mages se répartissent en trois écoles : l’animisme, l’élémentalisme, le mentalisme. Chaque école possède sa propre liste de sorts, auxquels s’ajoutent ceux d’une liste de magie universelle, accessible à tous. Le fonctionnement puise dans le principe de magie vancienne (en version simplifiée). Pour lancer un sort, on doit l’avoir mémorisé à partir de son grimoire. On peut cependant lancer directement un sort à partir de son grimoire mais cela engendre des complications. Pour lance un sort, on effectue un test sous la compétence de l’école concernée. L’action consomme des Points de volonté, même si l’on échoue au test.

Derrière l’écran, les dés ne roulent pas toujours

En effet, dans Dragonbane, il existe une distinction claire entre PNJ (personnages non-joueurs) et Monstres, surtout en termes de règles. Les PNJ humanoïdes sont traités de la même manière que les PJ, avec leurs compétences, leur équipements, etc. Après avoir déterminer l’Initiative et distribué des cartes d’Initiative (qui peuvent être échangées par deux joueurs qui n’ont pas encore agis dans le round), les combats sont résolus de manière traditionnelle. A noter qu’un personnage ne peut tenter une Esquive ou une Parade en réaction à une attaque s’il n’a pas encore agi dans le round, et, ce faisant, il retourne sa carte initiative car il ne pourra plus agir prochain. Le PNJ en fait de même, le MJ lance le D20 et effectue un test sous sa compétence d’arme.

Pour les monstres, comme les Trolls, les Dragons, les Démons, c’est différent. Un Monstre ne rate jamais son ou ses attaques (le PJ peut cependant tenter une esquive). Quand vient son initiative, le MJ lance un D6 sur une table qui détermine les circonstances et les conséquences de l’attaque. Cela libère le MJ d’une charge mentale et lui permet de se concentrer sur la narration.

La Boutique et le Ménagerie

Le livre de règles de Dragonbane propose un grand choix d’armes, d’armures et d’équipements divers, allant des outils d’artisanat aux composants magiques. Le tout, comme traditionnellement, réuni dans des tables dédiées. Il y a également un bestiaire de 14 pages qui introduit quelques Monstres, animaux et PNJ. Pour plus de choix, le MJ devra se tourner vers le Bestiaire, vendu à part, un livre de 146 pages consacrés aux monstres et aux PNJs, avec un classement par famille (Insectoïdes, trolls, géants, morts-vivants, etc.).

A travers un chapitre, le MJ se voit aussi fournir quelques conseils pour construire une partie ou une campagne, avec des règles de voyage et de gestion de PNJ. Un chapitre qui se clôt par une petite aventure d’introduction, Le Château du Chevalier Brigand.

Conclusion

C’est sûr, Dragonbane ne réinvente pas la roue. Normal, on est dans un esprit OSR qui réanime un célèbre (si l’on est suédois) jeu de rôle des années 80. Mais force est de dire que le travail est bien fait, avec des textes clairs et non dénués d’humour, de jolis visuels, et une boite de jeu qui contient tout le nécessaire. Alors, si l’originalité n’est pas au rendez-vous (ce n’est pas cette petite touche Free League qui change la donne), force est d’avouer que j’ai été séduit par Dragonbane et que je compte bien de le faire goûter à mes compagnons de jeu, au moins à l’occasion d’une séance one-shot. Je pense qu’il séduira surtout ceux qui veulent jouer vite, dans la bonne humeur, sans passer des heures à potasser des manuels. En revanche, les amateurs de simulation complexe ou de construction d’univers riche pourraient le trouver un peu trop léger.

avis

Nicolas Lamberti

Nicolas Lamberti, journaliste et traducteur freelance, critique littéraire et réalisateur de télévision

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