A l’occasion de la campagne de financement de Crimes: Aube de sang, Jérémie Rueff, Directeur de la publication du site Sycko, éditeur de la gamme Crimes, nous a accordé cet entretien.
Crimes : Aube de sang fait l’objet d’une campagne de financement sur Gameontabletop, mais à qui s’adresse-t-elle ?
Les 150 ans de la commune et les 15 ans de Crimes sont l’occasion de créer un évènement susceptible de s’adresserautant à celles et ceux qui connaissent déjà le jeu qu’à des novices. Crimes est certes un jeu d’auteur mais dont on peut dire qu’il est traité comme un Blockbuster, et il n’a rien à envier en termes de qualité de production aux plus grands du marché. En tant que jeu historique, il peut apparaître comme intimidant au premier abord, mais tout est fait pour que l’on puisse se l’approprier facilement, et même au-delà de sa dimension surnaturelle, cela reste une époque riche en images et en vision fantasmée.
Qu’avez-vous apporté en termes d’édition ?
Au-delà du travail sur le fond, ma spécialité se situe au niveau de la fabrication. J’apporte donc un soin tout particulier aux éléments techniques qui font de Crimes l’une des gammes de livres les plus solides et agréables à prendre en main du marché.
Donc pour Aube de Sang, on passe d’un livret souple au format 16×24 très dense et peu pratique, à un ouvrage grand format sous couverture rigide, avec une maquette claire et aérée et de nombreux ajouts graphiques. On continue ainsi sur la même lancée que ce qui avait été fait avec les manuels de base, disponibles également en 2 éditions limitées, avec chacune leurs particularités.
J’ai entendu que vous apportiez un intérêt particulier aux non voyant ?
Pas qu’eux mais en effet, différentes rencontres m’ont convaincu d’optimiser l’accès aux systèmes « text to speech » qui permettent de « lire » un texte par reconnaissance optique. Je l’ai mis en place sur la gamme numériqueen format poche, plus facile à appréhender pour une conversion de ce type. Il y a d’autres problématiques sur les grands formats et la façon dont les informations y sont présentées, notamment visuellement, ce qu’il faut donc « traduire », mais l’idée est effectivement de faciliter l’accès de mes jeux au plus grand nombre.
L’édition et le financement participatif, ami ou ennemi ?
Le financement participatif n’est jamais que la version 2.0 de la souscription, un procédé qui ne date pas d’hier donc, et très répandu dans l’édition. Sa pratique a fortement évolué depuis qu’il est utilisé (et en France je fus parmi les premiers à le faire en 2011 avec Don’t RestYour Head), ce qui a tendance à susciter nombres de fantasmes et d’approximations, que ce soit sur le modèle économique, l’impact sur le marché ou les questions juridiques. Mais aujourd’hui, on peut dire sans honte que c’est ce qui a donné un nouveau souffle au petit monde du JdR au début des années 2010. Donc amis, définitivement.
Durant la campagne, vous offrez un cadre d’avatar exclusif sur let’sRole.Pouvez-vous m’en dire plus ?
Il est de coutume d’offrir des bonus de souscription (qu’elle soit 2.0 ou pas d’ailleurs), on est donc dans cette même dynamique. Ce qui peut sembler nouveau, c’est la mise en valeur de la pratique dématérialisée par ce biais. Ici donc avec un élément esthétique à utiliser sur la plateforme Let’sRole.
En France on peut globalement dire que les tables de JdR virtuelles n’ont connu que de trop rares mises en valeur de la part des éditeurs, et il aura fallu une pandémie pour changer cet état de fait. De notre côté, c’est un chantier sur lequel nous avons travaillé depuis 2016, et plus particulièrement l’outil Rolsite qui nous a permis de proposer une solution complète pour Crimes. Cependant son modèle économique et sa limitation à un jeu peuvent constituer un frein, c’est pourquoi nous nous sommes intéressés à Let’sRole qui propose une solution que l’on pourrait qualifier de complémentaire et, sur certains points, plus accessible. Le travail pour adapter officiellement le système de Crimes à cette nouvelle plateforme est d’ores et déjà en cours, et à l’occasion de la campagne de souscription, nous proposons également un pack esthétique pour personnaliser son interface aux couleurs de Crimes (c’est pas mal de noir et blanc, mais à l’époque, la photo couleur ce n’était pas encore trop ça 😉 ).
Irez-vous plus loin avec eux ?
Le principe est d’aller au bout de la démarche, et notamment via un format particulier du contenu déjà disponible. Maintenant pour ce qui est de proposer du contenu exclusif par exemple, les modalités restent encore à voir. En effet, proposer un scénario dans un livre et l’adapter à une plateforme de VTT représentent des chantiers et des problématiques distincts. Donc certes la forme est forcément encore à l’étude, mais l’intention est bel et bien là.
Des projets ?
Toujours.Bien sûr continuer le développement des autres jeux du catalogue SYCKO, mais en ce qui concerne la gamme de Crimes, à court terme, la sortie de nouveaux suppléments, avec du contenu réédité et de l’inédit. À plus long terme, aller explorer d’autres villes emblématiques de la période fin XIXe début XXe, avec notamment Londres et Chicago, qui était d’ailleurs envisagée depuis la première édition de Crimes. Bref, les projets, ce n’est pas ce qui manque, mon temps de sommeil en revanche… 😉 Mais la motivation est là !
A bientôt et bonne chance Pour Crimes: Aube de sang
Je conseil la visite du site de Sycko. Les illustrations pleine page sont ma-gni-fi-ques.