A l’origine, tout vient d’une obligation. Au sein de mon club d’I Guerrieri de Bastia, un créneau horaire restreint (un peu plus de deux heures) dans des locaux mis à disposition nous contraint à organiser des séances de jeu très condensées. Evidemment, dés le début, nous nous somme penchés vers une version « blitz » de la règle pratiquée régulièrement dans l’association, c’est-à-dire L’art de la guerre, en version 100 points. Une solution qui n’a pas convaincu un certain nombre de Guerrieri, dont je fais partie. A mon humble avis, le système d’optimisation de listes d’armée, propre à AdG comme à ses cousins, FoGMoA et DBM, se prête mal à un budget réduit, et créée des parties déséquilibrées et peu excitantes. Entre autres petits problèmes, qu’il serait trop long à vous exposer ici. Je me suis donc orienté vers d’autres pistes.

Je me suis alors rappelé que, fut un temps, j’avais initié quelques néophytes au jeu d’Histoire à figurines avec De Bellis Antiquitatis (DBA) 2.2. En dehors du fait que sa simplicité extrême laissaient quelques situations équivoques, laissant le champ libre à l’arbitraire et, surtout, à une interprétation avantageuse pour les wargamers les plus roublards, DBA 2.2 est une excellente règle d’initiation, permettant de familiariser avec notre hobby, en une vingtaine de minutes, n’importe quel curieux, même le plus profane. Mais bon, DBA 2.2, c’est du passé (2004, déjà !), l’heure est à De Bellis Antiquitatis 3.0, et au regard des nombreux avis positifs qui courent sur le web, je me suis dit que, peut-être, l’ancêtre avait bénéficié là d’un bon lifting qui, sait-on jamais, aurait gommé quelques imperfections. Je suis donc parti à la recherche du jeu, paru en 2014. Je ne vous cache pas que ce fut une quête très difficile. En effet, le jeu est en rupture de stock dans quasiment toutes les boutiques VPC. Ce qui tendrait à confirmer son succès.

Bon, bref, j’ai fini par réussir à me procurer un exemplaire. Un joli bouquin de 140 pages (32 pages de règles, et le reste en listes d’armée), à la conception sobre, au format A4, dont la partie règle est agrémentée de nombreux diagrammes explicatifs. La lecture, qui bénéficie d’une typographie petite mais aérée, est aisée. Pour celui qui maitrise un minimum la langue de Shakespeare, bien sûr. Seul bémol, le prix, assez élevé, 25£ chez Caliver Books ! La rançon du succès. (ndj: une version française existe désormais, édité par ZBB Editions)

Quelques parties tests plus tard, mon opinion sur DBA 3.0 est fixée ; dans son domaine, celui du fastplayDBA 3.0 est ce qui se fait de mieux. Tout en gardant ses qualités – accessibilité, parties rapides et tendues, équilibre avec des armées composées de 12 éléments « imposées » par les listes (le joueur qui remporte la partie est celui qui est le meilleur sur le terrain, pas celui qui a passé des heures devant le bouquin pour essayer de construire l’armée invincible) -, DBA a gagné quelques atouts qui pourraient plaire même aux joueurs les plus aguerris, et qui permet au jeu de proposer quelques challenges très intéressants, que cela soit dans le cadre amical ou celui de la compétition. Voici ci-dessous un petit exposé, non exhaustif, des améliorations et changements.

La mise en place du terrain a été revue ; plus cadrée, elle limite les choix des joueurs et améliore le gameplay. A noter que certains éléments de terrain font leur apparition, ce qui ajoute de la variété sur les tables de jeu, sans trop changer l’esprit tactique.

Le déploiement des armées sur la table ; qui obéit désormais à des contraintes plus « historiques ».

Une augmentation des capacités de mouvement ; qui donne à la fois du dynamisme aux parties, et qui permet quelques audaces tactiques, d’autant plus que la gestion de la Zone de Menace a été changée pour encourager les joueurs à engager plus volontiers leur réserve.

L’introduction, empruntée à DBM, des catégories Fast et Solid, qui permet de différencier les troupes de même type mais opérant de manière légèrement différentes ou équipées différemment, et qui ont une influence sur les déplacements et sur les combats. Cela s’ajoute à une mise en valeur du soutien arrière pour certaines troupes par l’apparition des unités à double socles, qui représente les formations historiques en ordre profond.

Des éclaircissements dans les règles sur les déplacements et les tirs ; désormais, tout est très clair, appuyé par des diagrammes. Fini les pinaillages. Quoique…

Révisions des listes d’armée (300 armées ! Réparties en périodes), avec introduction de contingents alliés et petites descriptions historiques pour chaque armée.

Avec DBA 3.0, on ne peut pas raisonnablement parler de révolution. Loin de là. Par contre, l’ouvrage est intéressant à plus d’un titre. Il clarifie de nombreux points délicats de la règle, qui encourageaient l’emploi de procédures peu réalistes et le pinaillage, tout en restant aussi facile d’accès. Une amélioration qui fait désormais de DBA 3.0 un bel outil de compétition (car il a plusieurs niveaux d’approche, l’on s’en rend compte en accumulant les parties) et qui améliore grandement le game play (et l’ambiance autour de la table). D’autres petites touches sont destinées – et elles y parviennent – à amener plus de richesse et de variété au jeu, comme l’introduction des catégories Fast et Solid qui optimisent les caractéristiques historiques de chaque armée pour une meilleure versatilité (même si les auteurs encouragent toujours les joueurs à opposer des armées de même période).

Alors, franchement, DBA 3.0, cela serait dommage de passer à côté. Au sein des clubs et dans le cadre de conventions, c’est la règle d’initiation idéale. Son aspect économique et pratique, avec seulement une petite cinquantaine de figurines à peindre et à socler, est également un argument. Le joueur expérimenté aimera se construite un petit nombre d’armées pour répondre à tous les défis. Quand au petit nouveau, la modestie des moyens demandés lui permettra un démarrage sans douleur.

LA FICHE TECHNIQUE

DE BELLIS ANTIQUITATIS

Une règle de Phil Barker et Sue Laflin-Barker
Graphismes de Chris Hanley et Phil Barker
Traduction: Billy Bécone, assisté de Nicolas Gourmaud
Edition: ZBB Editions
Matériel: livre de 176 pages fotmat 21×29,7 à couverture rigide
Prix: 34,95€

Nicolas Lamberti

Nicolas Lamberti, journaliste et traducteur freelance, critique littéraire et réalisateur de télévision

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