JEU D'HISTOIRE & WARGAME

Rapport de bataille Black Powder: Shepherdstown 1862

10h (Tour 1), sur les rives du Potomac, près de Sheperdstown, dans le Maryland, sur les hauteurs de Bastia. Les officiers Jérôme Barnes, Laurent Sykes et Yves Morell exécutent la mission qui leur est confiée par le général Fitz John Porter, qui est de consolider une tête de pont sur le fleuve, qui permettra au Vème corps de l’armée du Potomac d’envahir la Virginie. Quand soudain, les vigies installées sur les hauteurs dominant une vieille cimenterie abandonnée signalent l’arrivée d’une importante force rebelle. Il s’agit en effet de la célèbre division légère du général Ambrose P. Hill, forte de six brigades et de plus de 25,000 hommes, chargée de protéger le repli de l’armée de Virginie du Nord, et donc d’empêcher les Nordistes de s’installer sur la rive sud du Potomac.

La situation a 10h00, vue de l'arrière des lignes sudistes
La situation a 10h00, vue de l’est
La situation a 10h00, vue de l'arrière des lignes sudistes
La situation a 10h00, vue de l’arrière des lignes sudistes

Sur le flanc droit confédéré, les deux brigades du colonel Jean-Mathieu Thomas et du colonel Julien Brockenborough, organisées en deux lignes, entament une très prudente avance dans les bois, abritées des canons yankees par une hauteur sur laquelle est établie la ferme Stanley. Au centre, les six brigades géorgiennes et virginiennes du général David Archer, ralentissent leurs foulées quand le 1st South Carolina Orr’s Rifles, qui devance l’avance des régiments tombe nez à nez, au cœur d’un champ de maïs, sur les 1200 bleus du 118th Pennsylvania. Un combat au feu s’engage alors entre les troupes d’élites sudistes et les jeunes nordistes, très nombreux, mais dont nombre de mousquets s‘avèrent défectueux. Sur le flanc gauche sudiste, le général Ghjulianu Gregg commence à entreprendre une série de manœuvres compliquées visant à tourner le flanc droit ennemi et le village de Shepherdstown. Mais les ordres sont mal exécutés et il s’en suit un retard assez conséquent.

L'avance prudente, à l'abri du bois, de l'aile droite sudiste
L’avance prudente, à l’abri du bois, de l’aile droite sudiste

11h (Tour 3). C’est un fait ; l’attaque de la Division Légère patine. L’aile droite peine à progresser dans les bois. De plus, établies en face, sur les hauteurs de la ferme Stanley, les deux brigades du général Laurent Sykes – appuyées par une compagnie de sharpshooters du 2nd Massachussetts – les arrosent de plomb mais, protégés par la végétation, ils ne subissent que peu de pertes. Au centre, les troupes de David Archer restent inactives, les Orr’s Rifles n’arrivent pas, en effet, à chasser le 118th Pennsylvania du major Jérôme Barnes. A gauche, débute l’action héroïque des « Rangers » du 25th New York qui, sans ordre, charge l’avant-garde des troupes du général Ghjulianu Gregg. Bloqué dans son axe d’attaque, le général sudiste entame un mouvement tournant sur le flanc gauche avec ses troupes non engagés mais la manœuvre se déroule dans la difficulté, les régiments peinant à coordonner leurs mouvements.

La défense héroïque des Rangers New-Yorkais
La défense héroïque des Rangers New-Yorkais

12h (Tour 5). Les premières lignes de la brigade de Julien Brockenborough sortent enfin des bois et arrivent sur les berges d’une rivière au courant assez fort. Quelques centaines de mètres au-delà, les parois abruptes de la falaise sur laquelle le gros des troupes nordistes est positionné. Au pied de ce mur, la situation des sudistes s’avère délicate. Sur la gauche de Brockenborough, les Géorgiens de Jean-Mathieu Thomas, malgré les invectives de leur chef, qui souhaite soutenir Brockenborough, préfèrent rester à l’abri dans les bois et rechignent à avancer. Au centre, le 118th Pennsylvania commence à craquer sous feu des troupes d’élite des Orr’s Rifles pendant que le général sudiste David Archer ordonne à une de ses brigades d’emprunter, en colonne de régiments, la route de la ferme Jackson, à l’ouest du champ de maïs, bloquée plus loin par les 17th US Army et 12th US Army. En effectuant cette opération, le général Archer prend le risque d’exposer ces régiments au terribles 12 pièces d’artillerie Parrot installées sur les hauteurs, sur l’autre rive du Potomac. Une décision qui aura son importance.

Les brigades Tender et Turney s'ébranlent
Les brigades Tender et Turney s’ébranlent

Sur la gauche des lignes rebelles, le 25th New York, isolé, cède du terrain pas à pas mais ne craque pas face au 34th North Carolina supporté par trois régiments de la brigade du Tennessee. Le général Ghjulianu Gregg perd patience et maudit les dieux. Dans le même temps, les 13th North Carolina, 22th North Carolina, le 5th Alabama et le 1st Tennessee, arrivent enfin à se positionner entre la grande ferme de Morgan Grove et la route de Charlestown. Conscient de la menace, le major Jérôme Warren ordonne au 13th New York (aka Rochester Regiment) de se replier dans Shepherdstown, abandonnant les Rangers à leur sort.

La brigade Warren, bien installée sur la colline
La brigade Warren, bien installée sur la colline

13h00 (Tour 7). On se bat sur tous le front. Le combat au feu mené sur l’aile droite rebelle creuse des brèches sanglantes dans les rangs des brigades des colonel Jean-Mathieu Thomas et Julien Brockenborough, mais, en infériorité numérique, ses hommes soumis aux tirs de plusieurs lignes d’infanterie sudiste, le général Laurent Sykes sait qu’il ne pourra pas tenir éternellement.
Au centre, l’avance de la brigade Lane est ralentie par les feux des 17th US et du 10th US installé près de la ferme Staley. Le régiment de tête, le 13th South Carolina, déjà entamé, cède sous le feu et se disperse. Fait « amusant », les pauvres soldats se retrouvaient là par erreur, car ne devant pas faire originellement partie de l’assaut (le 13th South Carolina appartient à la brigade Edwards). Mais le 17th US ne garde pas également à craquer. Ebranlé par le feu ennemi des unités avancées des brigades Lane et Edwards, le régiment effectue un repli qui tourne en déroute. Tentant de traverser le Potomac par le petit barrage, nombre de soldats yankees tombent dans l’eau et périssent noyés.
Sur la gauche de la ligne sudiste, les Rangers craquent. Leur résistance héroïque a cependant fait gagner aux nordistes un temps très précieux. En plus, l’approche de Shepherdstown par les rebelles leur réservent une sacrée surprise. Alors qu’ils croyaient ne trouver dans la ville qu’un régiment d’infanterie apeuré (il a vu le 13th New York s’y replier), ils sont accueillis par le feu nourri et précis des tireurs d’élite, armés de mousquets rayés à optique, du 1st US Sharpshooters !

L'avance des lignes sudistes vue de Shepherdstown
L’avance des lignes sudistes vue de Shepherdstown

13h30 (Tour 8). L’aile droite sudiste entame l’assaut de la hauteur de la ferme Staley. Traversant la rivière en crue, escaladant la paroi abrupte, les premières lignes tentent de s’abriter du feu nordiste derrière les anfractuosités du terrain, et bénéficient des tirs de couverture de leurs secondes lignes, mais les pertes restent élevées. En face, sur les hauteurs, le 2th US Army panique et entame un mouvement de retraite, heureusement non suivi de conséquences car rattrapé par l’intervention du général Laurent Sykes, qui reste stoïque dans le feu de l’action.
Au centre, la colonne Lane est désormais à portée des Parrot nordistes de Waterman mais aussi des Napoléon de Hazzlett. Le général Yves Morell demande alors à ses officiers d’artillerie de concentrer le tir des trente pièces sur le régiment de tête, le 7th North Carolina. Soumis à un feu terrible, puisque s’y joignent les mousqueteries du 12th US Army (qui replie, une fois son devoir accompli, vers le carrefour de la cimenterie), le régiment sudiste chancelle. Dans le champ de maïs, la brigade Edwards avance enfin, toujours devancée par les Orr’s Rifles, qui arrivent au pied d’une hauteur tenue par trois régiments de la brigade de Jérôme Warren.
Sur l’aile gauche sudiste, commandée par Ghjulianu Gregg, la brigade Pender souffre énormément devant Shepherdstown, alors que la brigade Turney effectue une poussée sur la droite des Orr’s Rifle, pour forcer la brigade Warren à replier vers le Potomac.

Mise en position de l'artillerie nordiste et vue sur les lignes ennemies
Mise en position de l’artillerie nordiste et vue sur les lignes ennemies

14h00 (Tour 9). A droite du front rebelle, quelques régiments sudistes épuisés arrivent sur les hauteurs, petite victoire qui leur redonne un élan de confiance. Le général nordiste, Laurent Sykes, réagit et ordonne un prudent mouvement de repli des restes de ses deux brigades, et une opération de retardement avec les National Zouaves du 10th New York. Une manœuvre qui est effectué de belle manière, hormis pour le 2th US Army, décidemment bien fragile, qui part en déroute.
Au centre, l’offensive de la colonne Lane s’écroule sous le pilonnage de l’artillerie nordiste. Mieux protégée, quittant les champs de maïs, la brigade Edwards de David Archer se lance à l’assaut de la petite hauteur et engage au corps à corps les 2th et 18th Massachussetts, soutenus par le 1st Massachussetts.
Sur la route de Charlestown, les sudistes continuent, au prix de grosses pertes, un combat au feu avec les unités ennemies retranchées dans Shepherdstown, alors que leurs unités les plus à l’ouest entre au contact du 22 Massachussets.

L'assaut de la brigade Edwards, les yankees plient mais ne craquant pas
L’assaut des brigades Edwards et Turney, les yankees plient mais ne craquent pas

Tour 10 (14h30) Pensant les Nordistes sur le point de craquer, les Rebelles se lancent dans un assaut massif – hormis sur l’aile droite sudiste qui est trop épuisée pour se lancer dans une offensive majeure. Au centre, la brigade Edwards prend pied sur la petite colline surplombant les champs cultivés sans arriver en enfoncer définitivement les lignes nordistes, qui plient mais ne rompent pas.
Sur l’aile gauche, le général Ghjulianu Gregg ordonne une la charge de ses deux brigades. Après une belle résistance, le village de Shepherdstown tombe. Une partie des défenseurs parvient à fuir par la route de Martinsburg, les autres sont tués ou faits prisonniers. Par contre, sur la droite, l’assaut d’un régiment du Tennessee de la brigade Turney tourne en une véritable déroute, qui finit en débâcle quand les fuyards entraînent dans leur fuite les 14th Tennessee et 5th Alabama. Un nouveau coup dur sur la tête des rebelles qui espéraient encore une victoire.

La défense s'organise autour de la cimenterie.
La défense s’organise autour de la cimenterie.

Avec la perte de près de la moitié de ses effectifs, son aile gauche quasiment détruite, son centre décimé, le général A.P. Hill considère la bataille comme perdue et ordonne la retraite.

Le 20 septembre 1862, l’armée du Potomac entre en Virginie et peut continuer la poursuite des troupes de Lee. La fin de la guerre serait-elle proche ?

Conclusion: nous avons changé le cours de l’Histoire et nous nous sommes surtout bien amusés.

Un scénario BLACK POWDER

Nicolas Lamberti

Nicolas Lamberti, journaliste et traducteur freelance, critique littéraire et réalisateur de télévision

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