LA GUERRE DE SEPT ANS 1756-1763

Pour certains, le grand buffet européen que fut la guerre de Succession d’Autriche (1740 1748) s’est achevée en leur laissant un goût  amer dans la bouche. Parmi les nombreux déçus, on trouve notamment l’Autriche, qui s’est vue privée de la riche province de Silésie par la signature forcée du traité d’Aix la Chapelle. Depuis, l’archiduchesse Marie Thérèse d’Autriche, privée de droits sur des terres qu’elle estime légitimes et, surtout, profondément humiliée par l’issue du conflit, prépare sa revanche.

Au début des années 50, grâce à l’habileté du chancelier Kaunitz et à l’influence de la maitresse de Louis XV la marquise de Pompadour, Marie Thérèse se trouve un précieux et puissant allié ; la France, son ‘’ex’’ ennemi héréditaire. Louis XV se détourne alors de la Prusse, dans laquelle il voit désormais une menace pour l’équilibre européen. La diplomatie française parvient d’ailleurs à imposer ce point de vue à d’autres puissances, comme la Suède, une partie des états allemands (dont la Saxe, voisine de la Prusse) et la Russie. Le roi de Prusse, Frédéric II, se retrouve alors bien seul, ne pouvant compter que sur l’appui de son fidèle allié, et cousin, le roi George d’Angleterre qui, lui, est en profond désaccord avec la France concernant la politique coloniale (les accrochages entre colons français et britanniques se multiplient sur la frontière sauvage des Grands Lacs et de l’Ohio).

En Europe, la situation se dégrade lordsque la Grande Bretagne, sans déclaration de guerre préalable, arraisonne et capture trois transports de troupes et 300 navires français de divers tonnages. Le 1ier mai 1756, les Alliés signent le traité de Versailles et mobilisent leurs troupes. Mais Frédéric II n’attend pas que les armées de ses adversaires se regroupent. Il entre en Saxe, attaque et bat les Autrichiens, en route pour faire jonction avec les Saxons, à Lobositz le 1er octobre. Puis, il rebat à nouveau une armée autrichienne devant Prague en 1757.

Cependant, contrairement à la guerre précédente, les Prussiens n’arrivent pas à faire définitivement la différence. Ils ne parviennent pas à s’emparer de la capitale bohémienne malgré un mois de siège. Aussi, le 18 juin 1757, à Kolin, les Prussiens doivent affronter une armée de renfort, commandée par le général Daun à Kolin. Contre toute attente, Frédéric le Grand est sévèrement battu et perd 14 000 hommes, prisonniers ou hors de combat, sur sa force de 32 000 hommes. Son armée décimée, Frederic II doit lever le siège de Prague. Peu de temps après, son jeune frère Auguste Guillaume est surpris et battu à Zittau (le prince sera disgracié pour cette erreur, mourant de tristesse un an plus tard). Le roi de Prusse doit alors se résoudre à évacuer la Bohème et il se retrouve dans une situation très compliquée, ne pouvant pas compter sur l’aide des Anglo-Hanovriens qui ont été vaincu par les Français à Hastenbeck le 26 juillet 1757.

Frédéric le Grand se retrouve rapidement dans une grande difficulté, les Autrichiens entrent en Silésie, alors que la Prusse orientale est envahie par des armées suédoises et russes. En Silésie et en Prusse, les combats font rage, le roi se défendant avec l’énergie du désespoir. Il parvient à redresser partiellement les choses lorsqu’il bat le 5 novembre les Austro-Français de Soubise à Rossbach et, le 5 décembre 1757, les Autrichiens à Vratislav, en Silésie. Cependant, il ne parvient pas à retourner la situation à son avantage car sa contre-attaque est arrêtée l’année suivante par Daun à Olomouc, en Moravie.

En 1759, le front ouest s’équilibre avec la victoire du duc de Brunswick sur les Français de Contadès à Minden, mais, à l’Est, la situation devient critique pour Frédéric quand il est écrasé par les Austro-Russes à Kunersdorf, sa plus cuisante défaite. Les Alliés entrent dans Berlin. Heureusement pour lui, suite à des querelles intestines, la Coalition ne poursuit pas son effort et elle laisse le roi de Prusse respirer. Il gagne un sursis en battant les Autrichiens à Torgau en 1760, mais l’année suivante, le nouveau gouvernement anglais cesse de lui verser des subsides et les attaques reprennent de toute part. Frédéric le Grand, désespéré, pense alors au suicide. Quand un miracle se produit…

En effet, en décembre 1761, la tsarine Elisabeth décède et le trône revient à Pierre III, un demi-fou germanophile admirateur de Frédéric II (il possède une armée de petits soldats à l’effigie des régiments de grenadiers prussiens). Le nouveau tsar retire alors la Russie du conflit alors que l’allié Français doit se concentrer sur le combat contre les Anglais dans les colonies.

Le roi de Prusse se tourne alors vers ses derniers adversaires en lice, les Habsbourgeois, et fait un dernier effort en lançant ses forces épuisées sur la Bohème. Il bat les Autrichiens de Daun à Berkesdorf et contraint les Coalisés à la négociation le 15 février 1763. Convaincre les différents belligérants n’est pas chose difficile, car tout le monde veut la paix. Au final, la Prusse gagne définitivement la Silésie mais elle en a payé le prix fort ; son pays est ravagé et ruiné, sa population exsangue, et elle ne pourra plus intervenir dans la politique Européenne avant fort longtemps. La France perd la Nouvelle-France mais garde le contrôle des « îles à sucre » et la Louisiane. En fait, seule la Grande-Bretagne sort gagnante du conflit, en s’affirmant comme la plus grande puissance maritime et coloniale.

LA BATAILLE

Nous sommes en 1757, en pleine guerre de 7 ans et la situation dans laquelle se trouve le roi de Prusse, Frédéric II, n’a jamais été aussi désespéré. Les Autrichiens l’ont purement éjecté de Bohème et ils menacent désormais la Silésie. Les Russes, qui l’attaquent par l’est, ont battu le maréchal Lehwaldt à Grosz-Jaegersdorf, et ils ont investi la Prusse Orientale. A l’ouest, les Français, commandée par d’Estrées et Richelieu occupent le Wessel ; le Hanovre et le Brunswick, et ils ont reçu la capitulation de son allié Anglais, le duc de Cumberland. De plus, les Suédois, entrés dans la coalition, viennent d’envahir la Poméranie. Partout où le regard de roi se porte sur sa carte de l’Europe, il voit des armées ennemies en train de le broyer lentement. Le cas le plus urgent, lui semble-t-il, est cette armée impériale, accompagnée d’un contingent français, qui est en route pour libérer la Saxe. C’est à partir de ce moment critique que Frédéric le Grand va entrer dans la légende et rétablir la situation, seul, en moins de trois mois. Cette histoire commence à Rossbach.

Le roi de Prusse sait que l’armée de l’Empire est la pire de toute : ‘’une bande de chemineaux et de pouilleux encadré par un état-major de princes’’. Il sait que même les meilleurs régiments, comme celui de Hesse-Darmstadt, n’ont ni approvisionnement, ni munitions. Il se méfie un peu des Français, mais il sait aussi que la plupart des troupes n’ont pas vu le feu et il se doute qu’au contact des Impériaux, ils ont du prendre de mauvaises habitudes. Mais il sait surtout, pour bien le connaître, que leur chef, le prince de Saxe-Hilburgausen, est le roi des imbéciles, et que le commandant des forces françaises, le duc de Soubise, vaut à peine mieux.

C’est pour cela que, au culot, avec seulement 20 000 hommes, il se dirige résolument vers eux. Cependant, comme il le craignait un peu, les Coalisés hésitent, reculent et se réfugient dans les montagnes du Harz pour adopter une position défensive. Frédéric est ennuyé, il sait qu’ils ont pris la meilleure décision, car il leur suffit d’attendre que les Autrichiens achèvent la conquête de la Silésie, et ils pourront ensuite prendre leurs quartiers d’hiver.

Comme le fera ensuite Napoléon à Austerlitz, le Prussien fait alors mine de replier vers ses bases. Evidemment, les deux présomptueux que sont Soubise et Hilburgausen croient que le roi a peur de leur supériorité numérique (30 000 allemands et 24 000 français contre 21 000 prussiens) et ils décident de poursuivre, quittant leur position défensive. Les deux armées s’aperçoivent près du village de Rossbach, alors que le roi est installé confortablement sur un plateau. Pour attirer l’ennemi, il fait mine de fuir et descend du plateau pour se retirer derrière un ruisseau aux rives marécageuses. Les deux princes décident alors de le presser pour le forcer à retraiter et ils imaginent un mouvement tournant de flanc (non, non, nous ne sommes pas à Austerlitz).

Mais la manœuvre est exécutée de manière calamiteuse et avec une terrible lenteur. De plus, elle se déroule en plein jour, à découvert, et sans flanc-garde. Les troupes effectuent simplement un gigantesque arc de cercle. Frédéric n’en croit pas ses yeux, tant de naïveté et de suffisance, c’est tout simplement inconcevable. Le roi fait alors exécuté à ses troupes un mouvement parallèle, abrité derrière les collines, de telle sorte que vers 16h30, les Coalisés se retrouvent pris en colonne de tête et en flanc, et complètement débordés. Dés les premières salves, les Impériaux se débandent, laissant seuls les Français qui résistent tant qu’ils le peuvent, mais ils finissent également par fuir. A la nuit tombée, le champ de bataille est rempli de fuyards qui sabrent la cavalerie de Seydlitz.

Du point de vue logistique, les pertes Impériales ne sont pas énormes (il faut croire que l’Impérial court vite), moins de 8000 hommes, dont moins de 500 tués. De son coté, les Prussiens perdent 165 tués et 376 blessés, dont le prince Henri.

Mais le choc psychologique est radical, la Saxe est sauvée, les Impériaux traumatisés, et Frédéric peut avec soulagement se tourner vers la Silésie. Dans ces lettres, Frédéric qualifiera cette victoire de ‘’bataille en douceur’’.

A Versailles, la douce marquise de Pompadour déclare à son tendre roi inconsolable : ‘’Au reste, monseigneur, après nous le déluge’’.

Scénario Fast Play pour Mousquet

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Comme vous pouvez la voir sur la carte, les Prussiens débutent avec une nette infériorité numérique. Ils ont cependant deux avantages : sa position sur la colline de Janus et un état-major de très bonne qualité. Le joueur prussien a la possibilité de tenter la même manœuvre que celle de Frédéric II mais si son adversaire connait le déroulement de la bataille, il est évident que ce dernier ne tombera pas dans le piège. Inversement, étant donné les objectifs du scénario, ils peut adopter une position défensive.

NOTES CONCERNANT LE SCENARIO

Poids des cavaleries : les hussards sont de la cavalerie légère, les dragons sont des dragons ne pouvant pas démonter, gendarmes et cuirassiers sont de la cavalerie lourde.

Canons de bataillon: Tous les régiments bénéficient de canons de bataillon, aucun modificateur n’est donc appliqué.

Grenadiers dans les rangs: tous les régiments français ont « des grenadiers dans les rangs ».

Régiments prussiens cracks: L’armée prussienne contient un régiment de grenadiers et un régiment de la Garde (en réalité, plusieurs bataillons que j’ai réuni en une seule unité)

Rivière: La rivière à ses rives marécageuses, elle doit être considérée comme un marais.

Colline de Janus: l’artillerie placée sur la colline à sa portée allongée d’un hexagone.

Feu de salve par peloton: durant la guerre de Sept Ans, toutes les armées étaient passés au feu de salve par peloton. Les Prussiens ne bénéficient donc plus de cet capacité.

Vétéran: l’unité relance un d10 de combat raté.

grenadiers: lorsqu’une unité de grenadiers subit une dernière perte, le joueur lance un d6. sur un score de 1, l’unité survit avec 1PC.

Elite: l’unité lance 1d10 de combat supplémentaire tant qu’elle n’a pas perdu la moitié de ses PC. Quand l’unité subit une dernière perte, le joueur lance un d6. Sur un score de 1, 2 ou 3, l’unité survit avec 1PC.

Doctrine de la baïonnette: l’unité lance 1d10 de combat supplémentaire au corps-à-corps tant qu’elle n’a pas subit plus d’une perte.

ARMEE PRUSSIENNE

Chef d’armée : Frédéric II (3/+3/Stratège)

Commandants-en-second : Henri (1/+1), Seydlitz (2/+)

5 x régiments de mousquetaire 4PC (vétéran)

2 x régiments de fusiliers 3PC

1 x régiments de grenadiers 3PC (grenadiers, vétéran, grenade)

1 x régiments de Garde 3PC (Elite)

2 x brigades de dragons (3PC)

1 x brigades de cuirassiers (3PC)

1 x Artillerie de campagne (2PC)

Total : 13 unités

Commandement général: 4 PA

ARMEE COALISEE

Chef d’armée : de Saxe (1/+2)

Commandants-en-second : StGermain (1/+0), De Lorges (1/+0), Soubise (1/+1), Contadès (1/+1)

15 x régiments de ligne français 4PC, trois régiments (au choix du joueur) bénéficient de la capacité « Doctrine de la baïonnette ».

2 x brigades de dragons français 3PC

2 x brigades de cuirassiers français 3PC

2 x brigades de hussards français 2PC

2 x brigades de cuirassiers allemands 3PC

2 x artilleries de campagne 2PC

Total : 25 unités

Commandement général: 2 PA

Spécial: Les brigades de cuirassiers allemands sont sous le seul commandement du prince de Saxe.

CONDITIONS DE VICTOIRE

Coalisés : 9 points de victoire en 24 tours ou moins, ou tuer Frédéric II

Prussiens : 12 points de victoire ou éviter la victoire coalisée.

Nicolas Lamberti

Nicolas Lamberti, journaliste et traducteur freelance, critique littéraire et réalisateur de télévision

Nicolas Lamberti

Nicolas Lamberti, journaliste et traducteur freelance, critique littéraire et réalisateur de télévision

3 réflexions sur “Rossbach 1757 – Un scénario pour Mousquet

  • Bonjour

    Toujours aussi intéressant et encore plus envie de découvrir la règle « Mousquet »

    Ou puis je la trouver Merci

    Ankou

  • Merci pour vos encouragements. La règle Mousquet est en cours de développement, elle devrait être disponible en format électronique à la fin de l’année et en version papier début 2017

  • MERCI

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