Les éditions Black Book ont annoncé l’arrêt prochain du vénérable magazine Casus Belli. Le numéro 50 sera ainsi le dernier de cette quatrième époque. Et c’est bien dommage. Quand bien même ce n’est finalement que le triste reflet de la situation actuelle dans laquelle se trouve la presse spécialisée, mise à mal par les nouveaux médias numériques.
Je suis presque né avec Casus Belli. Du moins mon moi roliste. Quand en 1980 sort en boutique le premier numéro, sous l’initiative de François Marcela-Froideval (alors salarié de Descartes), j’étais déjà cet accroc à ce hobby découvert un peu plus tôt, à l’occasion d’un séjour linguistique en Perfide Albion. Mais diantre, qu’est-ce que je manquais alors de sources, de matériaux. Et si Casus Belli n’était pas au début complètement centré sur le jeu de rôle, il se révéla vite indispensable à l’enrichissement de ma culture ludique. Avec Jeux & Stratégie, Casus Belli devint donc mon livre de chevet. Mon intérêt pour le jeu de rôle, mon investissement dans le fanzina amateur puis le journalisme, je le dois en grande partie à cette géniale équipe (dirigée par François Marcela-Froideval puis Didier Guisérix) qui a répandu le virus en France dans les années 80-90. Alors, oui, je suis triste… Une nouvelle fois dirais-je, car l’histoire de ce magazine a été assez mouvementée.
A la fin des années 90 les ventes chutent. La raison? L’arrivée de l’internet. Oui, déjà. Excelsior Publications abandonne mais, tel Lazare, le magazine se relève, racheté par Arkana, sous la direction de Frédéric Weil. Hélas, l’aventure tourne court suite aux déboires économiques de Multisim et, pof, en 2006 Casus Belli est de nouveau enterré. Bel et bien? Non, car quatre ans plus, c’est sous l’enseigne Casus Belli Presse que Tristan Blind et Stéphane Gallot ressuscitent le vétéran de la presse roliste. Mais l’époque est compliquée, l’éditeur tente le format mook (repris par BBE) mais il doit jeter l’éponge en 2010, avec liquidation judiciaire à la clef.
Arrive en sauveur Black Book Éditions! Une nouvelle dynamique, de belles idées, comme la parution des Chroniques Oubliées (qui rappelle un peu les initiatives passées de Simulacres et Capitaine Vaudou) accrochent une nouveau lectorat, plus jeune. Disponible également en pdf, Casus Belli se plie aux contraintes actuelles, les adopte. Moins d’actu, plus de dossiers de fond, de scénarios sur les nouveaux jeux, souvent appuyés par les éditeurs de ces mêmes jeux. Bref, des efforts sont faits, c’est certains. Les débuts sont bons. On y croit. On se trompe. Comme Black Book Éditions le dit dans son communiqué: “une nette érosion du lectorat se produit depuis les dix derniers numéros”. Et les ventes ,ne suffisent plus à assurer la pérennité de ce qui restera un organe de référence dans le milieu du jeu de rôle francophone.
Capri… euh… Casus Belli c’est fini et je suis triste.
Le communiqué de Black Book: https://black-book-editions.fr/news-11811.html