CRITIQUEJEU DE PLATEAU

NAGA RAJA – LE TEST

En Inde, les temples de deux divinités oubliées, Ananta et Garuda viennent d’être découverts. Ces temples dissimulent des caches secrètes qui renfermaient de puissantes reliques à l’origine de leurs légendaires pouvoirs. D’après la légende, Ananta était protégée par des nagas, des serpents bienveillants dont les œufs couverts d’écailles abritaient des trésors. Garuda aigle géant mythique est leur ennemi naturel.

Archéologue intrépide, vous n’avez qu’une idée en tête, ajouter ces reliques à votre collection. Vous partez sur le champ à la chasse aux trésors et pénétrez dans un temple, tandis qu’un confrère collectionneur émérite et rival de toujours, entre au même moment dans l’autre. Le duel s’engage…

PRINCIPE DE JEU

NagaRaja est un de jeu de plateau pour deux joueurs au cours duquel les adversaires doivent collecter des points de victoire en dévoilant des tuiles artefacts et reliques. Pour ce faire, il va falloir que le joueur remporte des tuiles dalle de temple (une tuile est mise en jeu à chaque tour) afin les poser sur son plateau, ce qui lui permettra de se frayer un chemin vers les précieuses récompenses. Chaque tuile dalle de temple est donc l’enjeu d’une lutte entre les deux joueurs, qui vont tenter de l’emporter en faisant usage de leurs mains de cartes et en effectuant des jets de bâtonnets du destin.

Un tour se déroule en trois phases. La première est un tour de draft ; le joueur ayant perdu le tour précédent pioche trois cartes et en remet une à l’adversaire. Ces cartes, ajoutées à celles qui leur restent du tour précédent, constituent les mains des deux joueurs.

Durant la deuxième phase, les joueurs vont jouer une plusieurs cartes de la même famille afin de choisir le nombre et la nature des bâtonnets du destin qu’ils souhaitent obtenir dans le tour. Chaque bâtonnet présente 4 faces (en gros, c’est un dé à quatre faces), sur lesquelles sont imprimées des symboles Points de destin et Naga. Les bâtonnets du destin marrons possèdent un grand nombre de points de destin mais pas de Naga, les bâtonnets blancs ont une face Naga, les bâtonnets verts deux faces Nagas (mais seulement un point de destin sur chacune des deux autres faces !). Certaines cartes permettent d’obtenir deux bâtonnets du destin marrons, d’autres quatre bâtonnets du destin verts, etc.

Les joueurs vont alors lancer leurs bâtonnets pour calculer la somme totale de points de destin dont ils disposent durant le tour. Celui qui obtient le capital le plus élevé est bien placé pour remporter la tuile temple, mais avant, cela, ils doivent jouer une troisième phase.

Dans la troisième phase, les joueurs peuvent jouer de leur main une carte, autant de fois que le nombre de symboles Naga qu’ils ont obtenu, pour déclencher une action spéciale. Ces actions spéciales peuvent modifier le total de points de destin, modifier le jet de l’adversaire, permettent de piocher des cartes, de modifier l’emplacement de tuiles ou d’artefacts sur les plateaux, etc.

Enfin, dans la quatrième phase, le vainqueur place sur son plateau la tuile dalle de temple sur son plateau afin d’ouvrir une route vers les artefacts et les reliques.

Les tours s’enchainent ainsi jusqu’à ce que l’un des deux joueurs ait atteint 25 points de victoire, qu’il ait complété son plateau ou qu’il ait dévoilé les trois tuiles reliques maudites. Dans ce dernier cas, la victoire va à l’adversaire.

L’AVIS DE G&P

Créé par Bruno Cathala et Théo Rivière, NagaRaja fonctionne sur une mécanique de draft, d’enchère et de placement de tuiles. Le déroulement des tours se révèle fluide et, dès la première partie, les phases s’enchaînent naturellement pour composer une partie de durée assez courte (environ ½ heure). S’il n’est pas totalement prégnant, le thème de l’exploration archéologique à la Indiana Jones se laisse gentiment sentir, notamment par les illustrations sur les cartes signées Vincent Dutrait.

Pour ce qui est du ressenti faisant suite à nos premières parties, il est plutôt bon. L’aléatoire est assez fortement présent (pioche de cartes, jets de bâtonnets) et cela peut parfois se révéler frustrant pour les joueurs privilégiant les jeux avec full control, ce qui n’est pas mon cas. Non, cela qui m’a le plus dérangé, c’est l’émergence d’un petit aspect win-to-win, chaque mauvais départ paraissant condamner le joueur à courir en vain après le score (du moins, c’est ce qu’il s’est passé dans nos trois premières parties). Cela demande toutefois à être vérifié. L’interaction, si elle ne semble pas évidente durant les premiers temps, se révèle vite indispensable pour espérer remporter une partie. Il est ainsi très amusant, et utile, de semer un petit le désordre dans le temple de son adversaire (en déplacent dalles de temple, ou reliques, voire en plaçant une dalle Piège, par exemple).

Un bel exemple de temple bloqué par un piège placé en son centre

Visuellement, le produit est très séduisant, comme souvent avec Hurrican, l’éditeur suisse. Dans une boite à la jolie illustration et à l’intérieur en plastique thermoformé, tuiles et cartes brillent par leur qualité. Les bâtonnets du destin, qui ne sont finalement que des dés relookés, sont la consécration d’une belle initiative cosmétique et dote le produit d’une personnalité. La règle est limpide, bien illustré d’exemples.

En conclusion, NagaRaja est un joli jeu à deux sans autres prétentions que celles de vous divertir, et de vous faire réfléchir, durant une petite demi-heure.

Points forts

  • Règles vite assimilées
  • Parties courtes
  • Beau produit
  • Réflexion et interaction
  • Un thème sympa

Point faibles

  • L’aspect win-to-win (à vérifier)

NAGARAJA est un jeu de Bruno Cathala et Théo Rivière

Illustrations de Vincent Dutrait

Edité par Hurrican, distribué par Asmodée

Sortie en boutique le 29 mars 2019

Nicolas Lamberti

Nicolas Lamberti, journaliste et traducteur freelance, critique littéraire et réalisateur de télévision

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