CRITIQUEJEU DE PLATEAU

DUNGEON SAGA, LA QUETE DU ROI NAIN – LE TEST



Le regard du vieux Nain les sonda un par un, défiant quiconque de le contredire. Le barbare bailla avec ostentation tandis que l’elfe se contentait de le dévisager. Pas un de ses muscles ne frémit ni ne trahit le moindre signe qu’elle écoutait bel et bien. Son maudit neveu avait l’œil hagard, et Golloch se demanda distraitement de quelle taverne ils avaient dû le tirer cette fois. Le mage humain était le seul des quatre à paraître un tant soit peu impressionné ou même attentif à ses paroles. Les yeux du jeune homme étaient grand ouverts et son visage était pâle. Il hocha vigoureusement la tête pendant plusieurs secondes avant de s’apercevoir que les autres ne réagissaient pas avec autant de conviction. Il redevint immobile…

DUNGEON SAGA est un dungeon crawler, comprenez un jeu dans lequel les joueurs sont invités à incarner des aventuriers lancés dans une quête d’exploration, les lieux étant matérialisés par un plateau modulable sur lequel évoluent les figurines des personnages et leurs adversaires. Le dungeon crawler tirent ses origines du jeu de rôle à l’ancienne, de style ‘’porte, monstre, trésor’’, et sont les héritiers du célèbre Hero Quest. Ici, Jack Thornton et l’équipe Mantic Games proposent une boîte de base imposante dont l’élégante enveloppe évoque ces vieux grimoires de magie propres aux univers d’heroic fantasy  (presque toute la gamme se voit déclinée ainsi). L’intérieur est un peu moins luxueux, avec un espace de rangement cartonné peu pratique et fragile à l’usage.  A l’intérieur, des figurines en plastique représentant les quatre héros (le barbare, l’elfe, le magicien et le nain), des figurines de squelettes, de zombies, de nains revenants, ainsi les boss nécessaires pour jouer la campagne qui est fournie avec cette boîte : La quête du roi nain. Les figurines Mantic sont plutôt jolies mais bon nombre d’entre elles étaient tordues et ont dû faire un détour sous l’eau chaude. Rien de bien méchant. En plus des figurines et des deux livrets (règles et campagne), la boîte contient un ensemble de tuiles, des attaches pour les relier (qui s’avèreront finalement peu pratiques), des dés à six faces, quelque éléments de décors (portes, coffres, etc.) et des tables d’aide de jeu. Bref, on en a vraiment pour son argent !

Beaucoup de matériel (peinture N. Lamberti)

LES PRINCIPE DE JEU

Dans DUNGEON SAGA, quatre joueurs (ou moins, dans ce cas, un joueur est amené à contrôler plusieurs personnages) ont pour tâche de défier un overlord (un autre joueur qui contrôle monstres et pnj) lors d’une campagne qui se déroule sur plusieurs scénarios-  La quête du roi Nain est composée de 8 scénarios, ou aventures (plus deux scénarios d’apprentissage). Chaque scénario correspond à un niveau du donjon et, bien entendu, au fil des niveaux, les personnages vont gagner en puissance (dans cette règle de base, ils passent du niveau normal au niveau légendaire) mais l’adversité va également devenir plus coriace! Un scénario est prévu pour être bouclé dans le cadre d’une soirée, ce qui fait de DUNGEON SAGA un dungeon crawler plus facile à sortir de son placard que nombre de jeux similaires.

Eléments de décors (peinture N. Lamberti)

Après avoir choisi un scénario, le maître du donjon dispose sur la table des tuiles pour matérialiser les premières salles du donjon, celles qui peuvent être vues par les personnages lorsqu’ils sont placés sur le plateau, dans leur zone de départ. Le maître du donjon va dévoiler le donjon au fur et à mesure que les joueurs vont passer les portes et explorer les salles. En suivant les consignes du scénario, il compose alors un deck de cartes Ordre – A chaque fin de round, le maître du donjon va piocher une carte pour l’ajouter à sa main. Puis, le maître du donjon place sur le plateau tous les monstres et les éléments de décors qui peuvent être vus par les personnages. L’aventure peut alors commencer !

Un tour de jeu, ou round, se déroule en deux phases. Dans la première, les joueurs vont activer leurs personnages pour leur faire exécuter un mouvement et/ou une action. Impérativement dans cet ordre car si le personnage accomplit une action en premier, il ne peut plus se déplacer. A côté de cela, les personnages peuvent utiliser leur acte héroïque (propre à leur race et/ou leur classe), mais seulement une fois par aventure. Dans la règle de base, les actions possibles sont le combat ; le tir et les lancements de sorts. Une fois que tous les personnages joueurs ont été activés, le maître du donjon (l’overlord) effectue à son tour les mouvements et/ou les actions des PNJ, dans la limite autorisée par les consignes du scénario, ou bien lance un sort d’Animation des morts (dans cette campagne, le boss de fin est un nécromancien). Enfin, il achève son tour en jouant de sa main, s’il le souhaite, une carte Ordre du maître du donjon, puis pioche une autre carte Ordre. Les tours vont ainsi s’écouler jusqu’à ce que les personnages trouvent la sortie, dans ce cas ils gagnent, ou que l’un d’entre eux meurt ou que le deck de cartes Ordre soit épuisé. Dans les deux derniers cas, c’est le maître du donjon qui gagne.

Feuilles des Héros, normales et légendaires

En fait, se déplacer dans DUNGEON SAGA n’a rien d’une prise de tête. Tout est fait pour simplifier la vie des joueurs. Un personnage se déplace de case en case, consommant à chaque case un point de mouvement. La seule limitation vise à freiner l’optimisation; un personnage n’est pas autorisé à effectuer un mouvement en diagonale si son trajet coupe un angle de mur (comme dans D&D). Certaines portes peuvent être forcées (on ‘’combat’’ la porte), mais d’autres sont scellées par des verrous magiques, ce qui nécessite l’intervention d’un lanceur de sorts.

Les combats se déroulent de manière très simple. Les personnage-joueurs et les PNJ sont dotés de trois caractéristiques : mouvement, dés de combat et armure. Quand un personnage attaque un adversaire, il lance un nombre de dés égal à sa caractéristique Dés de combat. Chaque dé qui donne un score supérieur à la valeur d’armure de la cible est converti en touche. Le nombre de touches nécessaire pour tuer dépend de la nature du PNJ. Par exemple, obtenir trois touches sur un squelette le détruit complètement, par contre, obtenir deux touches le réduit en un tas d’os (il peut être ranimé par le Nécromancien !) et une touche ne donne rien ! les personnages, comme certains gros monstres et les boss, bénéficient de points de vie. Dans les deux cas, les touches diminuent le capital de points de vie, avec une petite différence ; un personnage ne peut jamais perdre plus d’un point de vie lors d’une attaque ! Lancer un sort offensif ou exécuter un tir fonctionne de manière similaire.

Les boss et le maître Nécromancien

L’AVIS DE G&P

Sous des aspects presque simplistes se cache un très sympathique jeu semi-coopératif d’exploration et d’affrontement où les joueurs vont devoir faire preuve de solidarité et de coordination pour espérer s’en tirer. Décider de l’ordre d’activation des personnages dans le tour est une étape très importante, car le jeu fonctionne sur une mécanique d’enchainement d’actions qui doivent être complémentaires. Les joueurs, pressés par le temps, vont vite comprendre qu’il est nécessaire de planifier ses actions futures, en sachant très bien qu’ils ne maîtrisent pas deux éléments non négligeables : les dés et les décisions de l’overlord. Le défi est intéressant, fun et l’immersion est bien présente. De son côté, l’overlord, qui interprète ici le Nécromancien, ne s’ennuie pas non plus. Dans cette campagne, il va prendre plaisir à ranimer les tas d’os pour ralentir la progression des aventuriers. Il bénéficie aussi du soutien de quelques monstres plutôt coriaces et amusants à jouer. Le combat final est pour lui une belle consécration.

Très accessible, DUNGEON SAGA s’adresse à tous les publics. La quête du roi Nain, qui est la campagne livrée avec cette boîte de base, compose un joli challenge et garantit de belles soirées. Mais DUNGEON SAGA ne se résume pas à cette boîte. De nombreuses extensions sont disponibles à la vente, ajoutant des modes de jeu (LE COMPAGNON DE l’AVENTURIER propose des modules avec IA pour des parties en solo ou en pure coop’), d’autres types de donjons (extérieurs, abysses), des règles supplémentaires (crochetages, pièges, passages secrets…), un mode campagne avec création de personnages, un système de levelling…. Le tout renouvelant les parties et ne complexifiant que très peu le jeu, qui reste toujours très fluide.

Les plus

  • La boîte de jeu, très jolie, qui lance une gamme.
  • Beaucoup de matériel pour un prix raisonnable
  • Des règles simples pour un jeu qui est loin d’être simpliste.
  • Une ambiance ‘’D&D’’ bien rendue.
  • De nombreuses variantes et extensions

Les moins

  • L’intérieur de la boîte.
  • Des attaches de tuiles mal conçues (on ne les utilise pas, du coup, ça bouge).

DUNGEON SAGA – LA QUÊTE DU ROI NAIN

Conception du jeu: Jack THORNTON

Ecriture de la saga: Greg D. SMITH.

Révision et contenu supplémentaire: Stewart GIBBS, Thomas PIKE.

Illustration de couverture: Ralph HORSLEY.

Conception graphique: Chris WEBB, Krane MIKSZA et Kev BRETT.

Achetez le jeu!
Nicolas Lamberti

Nicolas Lamberti, journaliste et traducteur freelance, critique littéraire et réalisateur de télévision

Nicolas Lamberti

Nicolas Lamberti, journaliste et traducteur freelance, critique littéraire et réalisateur de télévision

2 réflexions sur “DUNGEON SAGA, LA QUETE DU ROI NAIN – LE TEST

  • Salut. Pourrais tu m’envoyer en PDF les fiches des personnages et le tableau du maître nécromancien.
    Merci

  • Euh… non. Peut-être sur Dungeon Saga Universe, mais pas sûr car c’est des produits commerciaux protégés. Cdt

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