Cyberpunk RED est un jeu de rôle de Talsorian Games traduit et édité en Français par Arkhane Asylum Publishing. Il nous entraine dans un monde futuriste plus ou moins dirigé par des megacorporations, une impitoyable jungle urbaine où vous allez devoir survivre. Cyberpunk RED est la quatrième édition (et la troisième édition française, une localisation assurée jusque là par le défunt Oriflam) de cette gamme née en 1988. Voyons ce qu’elle apporte comme nouveautés.

UN GROS LIVRE BIEN REMPLI

Avec ce livre de base, on est face à un gros pavé de 455 pages qui couvre a peu près toutes les règles dont vous avez besoin. La police de texte utilisée est claire, et on y trouve un bon nombre d’illustrations assez chouettes immergeant le lecteur dans ce monde sombre et violent. Ça, c’est pour le positif. Parce que pour le reste, je pense que le maquettiste a le syndrome du tableau Excel. Le livre déborde de tableaux dans tous les sens. Pour ne rien arranger les entêtes de ces tableaux sont de couleur rouge vif. Personnellement je trouve ça moche et surchargé. Ce n’est pas parce que le jeu s’appelle Cyberpunk RED qu’il fallait en mettre partout. Mais bon, après, à chacun ses gouts, n’est-ce pas ?

LE MONDE DE 2043

Jetons d’abord un œil sur l’environnement. En fait, hormis ce qui concerne le Net, le setting est quasiment identique à celui de la version 2020. Et c’est assez étonnant car on nous fournit un nombre incroyable d’informations sur les années 2020-2043. Cette édition n’est pas avare en information mais je trouve qu’à la fin du récit qui nous emmène en 2043, bah en fait …. On n’a pas trop avancé et c’est presque un retour à la case départ.

On est toujours dans un monde dominé par les megacorps et votre vie ne vaut pas chère – on peut d’ailleurs noter quelques incohérences dans l’histoire proposée, mais j’y reviendrai. La course à l’amélioration cybernétique est toujours de mise mais attention à ne pas franchir la limite, un acte qui peut faire de vous une créature sans âme atteint de cyberpsychose et dégommant tout sur votre passage. La différence majeure par rapport aux anciennes éditions repose sur le process utilisé par les Netrunners quand ils parcourent les banques d’information pour pirater un système. En effet le gros problème des éditions précédentes venait du fait que lorsqu’un joueur entrait dans le net, les autres le regardaient faire. Et ça pouvait durer longtemps.

Dans ce monde, la dernière guerre corporatiste a vu survenir le datakrash. En fait, toute l’ancienne infrastructure du net a été corrompue par un virus. Devant l’impossibilité de restaurer le NET, celui -ci a été « débranché ». Il existe donc toujours mais ce n’est plus qu’un vaste champ de ruines infesté de programmes tueurs, prêt à anéantir tout Netrunner en quête de vieilles données, la plupart corrompues. Du coup un nouveau NET local appelé META (non, son créateur n’est pas Mark Zuckerberg) est né. Et ce réseau n’est plus accessible à partir de n’importe quel ordinateur. Il faut absolument se brancher à la source. Les Netrunners ne sont plus des hackers dans leur canapé à boire du coca, mais maintenant ils deviennent des hommes ou des femmes de terrain. On aura compris que ce lore est là pour éviter justement le syndrome de la partie ou tout le monde s’emmerde en regardant le netrunner jouer.

Enfin, la ville emblématique est toujours Night City. Une bombe atomique de poche a fait péter tout downtown. Mais la cité s’en est remise. Seuls restent quelques quartiers encore irradiés.

VIVRE EN 2043

Pour commencer, tous les personnages évoluant dans ce monde pourri doivent obéir à une règle de base : moi d’abord. La survie est une affaire personnelle et la marque de fabrique de cette époque tourmentée. Ceci étant posé, quel personnage joue-t-on ?

Dans Cyberpunk chacun de vos personnage à un rôle, qui correspond à un archétype. Les rôles possibles sont :
– Le rockeur
– Le Solo : des mercenaires à louer comme garde du corps ou toute autre sale besogne.
– Netrunners : les hackers.
– Techies : les spécialistes de la techno, ils vont te réparer une console du Net avec une boite de conserve.
– Medtechs : des toubibs exerçant plus ou moins dans la légalité. Il va te greffer un nouvel œil. J’espère que ta carte de crédit est pleine.
– Médias : les journalistes ou, pour être au gout du jour, les influenceurs.
– Corporatistes : cadres d’une megacorporation.
– Justiciers : qui va du flic au justicier avec un but personnel, en passant par l’agent de sécurité
– Fixers : les dealers, les contrebandiers etc.
– Nomades : les transporteurs, les guerriers de la route …

Pour tout dire ce sont exactement les mêmes archétypes que dans la version 2020. La seule différence c’est l’éclatement du Techies en deux rôles distinct (techies /medtech). Bon c’est bien beau mais comment se définit votre personnage ? En fait, un peu comme beaucoup d’autres jeux de rôle. Vous avez d’un côté les caractéristiques et d’un autre les compétences. De manière classique, une compétence est associée à une caractéristique. Par contre, dans Cyberpunk, on ne lésine pas sur les « carac ». En effet ce n’est pas moins dix caractéristiques qui définissent le personnage !

Les  valeurs des caractéristiques citées ci-dessous s’échelonnent généralement de 1 à 8 mais elles peuvent parfois dépasser cette limite.
– Les caractéristiques mentales : intelligence, volonté, prestance, empathie.
– Les caractéristiques de combat : technique, réflexes, chance
– Les caractéristiques physiques : corps, dextérité, mouvement

A cela s’ajoute deux jauges qui sont calculées à partir de certaines caractéristiques citées ci-dessus :
– La santé avec ses points de vie.
– L’humanité représente votre… humanité. Quand vous en avez plus à force d’avoir fait le con avec les implants, vous sombrez dans la cyberpsychose.

UN PERSONNAGE TOUFFU

Cyberpunk RED est un jeu à compétences. On va donc en trouver une palanquée qui vise de couvrir toutes les situations. Grosso modo, il en existe 70,  reparties en neuf catégories :
– Les compétences de Combat : les aptitudes pour se battre au corps à corps, à mains nues ou avec une arme de mêlée.
– Les compétences de Contrôle : les compétences requises pour conduire un véhicule ou chevaucher un animal.
– Les compétences de Corps : tout ce qui concerne les travaux physiques, la puissance musculaire brute, l’endurance…
– Les compétences d’Éducation : vos connaissances et l’acquisition d’un savoir scolaire ou universitaire.
– Les compétences de Représentation : savoir jouer la comédie, interpréter un instrument de musique…
– Les compétences Sociales : votre habileté à vous fondre dans un environnement social…
– Les compétences Techniques : les compétences professionnelles acquises par la pratique et l’habileté pour les travaux manuels.
– Les compétences de Tir : la maîtrise nécessaire pour manier une arme à distance, comme un fusil ou un arc.
– Les compétences de Vigilance : l’attention que vous portez à votre environnement, par exemple pour relever des indices.

Une fois cela fait, votre avatar va se voir bénéficier d’une capacité de rôle. Ca va être, par exemple, Charisme irrésistible pour le rockeur, ou Bricoleur pour le techies. Ces capacités vont permettre de d’executer une action que seul votre archétype est autorisé à faire et donc de spécialiser votre avatar.

Comme pour ce qui est de l’édition 2020, vous avez la possibilité de tirer toutes ces données sur un un tas de tables aléatoires qui vont déterminer vos relations, vos possessions, vos amis ennemis etc. Des informations qui fournissent une bonne base pour créer votre background. J’aime bien cette partie concernant la création de personnages. Généralement, cela amène la naissance de personnages hauts en couleurs.

Bon je ne vais pas détailler mais ensuite vous avez votre bon gros catalogue d’armes et d’objets en tout genre pour équiper votre punk. Et un autre tout aussi gros catalogue pour rendre votre punk cyber. De l’implant radar au gros gun greffé dans l’avant-bras, il y en a pour tous les gouts.

UN SYSTÈME CLASSIQUE

Le système de jeu est classique. Pour effectuer un test, vous lancez un D10 auquel vous ajoutez les valeurs de Caractéristique et de Compténces. Le score doit battre un seuil de difficulté. C’est le même système que l’édition précédente. A une différence près : le jet de D10 devient explosif (dans les deux sens).

Le combat a été légèrement simplifié. Il n’y a plus de localisation. Sauf si le joueur décide de viser (il subit alors un malus). Les tables de critiques sont présentes. Il y en a deux : le corps pour les tirs généraux ou la tête. Car oui, si on choisit de viser, on vise la tête. On est comme ça à Night city !

LES NETRUNNERS

Donc en 2043, l’ancien net ayant été abandonné, les hackers vont devoir aller sur le terrain avec leurs petits camarades pour se brancher directement sur les terminaux des systèmes qu’ils veulent pirater. Mais en 2043, il y a le wifi ! On ne se câble donc plus via une prise jack. Non, maintenant place au casque de réalité virtuel !

Un petit détail qui m’a fait marrer : étant donné que comme LINUX, META est basé sur la syntaxe de patches sémantiques, il a du mal à supporter les graphismes. Les énormes interfaces graphiques de l’ancien NET n’ont donc pas pu être transférées. Ah ouaih …. Alors ton casque de réalité augmenté il te montre quoi ? Des gros sprites à la pacman ?

Bon trêve de plaisanterie, revenons à l’essentiel. Pour palier au problème récurrent des anciennes éditions avec des netrunners qui hackent en solitaire, un netrunner a désormais droit à plusieurs activités virtuelles selon son niveau de compétence. 2 étant le minimum, 5 le max. A la fin de son tour, le netrunner rend la main et un autre joueur effectue son tour etc. … Ceci va pouvoir permettre à tout le monde de jouer pendant que l’un des leurs crack le système. Et ça c’est une vraie amélioration du système de jeu.

ET LE RESTE

Ce gros bouquin n’est pas avare de contenu. Vous trouverez énormément de détail sur l’environnement, comment maitriser le jeu, Night city en 2043… Je noterai quand même deux choses: Un manque de plans de Night City. Le peu fourni n’est quand même pas très inspiré, ni inspirant.

La deuxième chose que je noterai concerne l’histoire de 2020 à 2043. On nous explique que les gouvernements se sont éclipsés au profit des grandes corporations. OK. Ces grandes corporations se sont livrés une guerre terrible pendant plusieurs années. Guerre sur terre  et sur mer, et même dans l’espace. OK. Ceci jusqu’au jour où une bombe nucléaire dévaste le centre de Night city causant 500.000 morts. OK. Et là, tout d’un coup, on nous explique que le gouvernement des Etats-Unis en a marre, nationalise une des megacorpos et menace l’autre protagoniste… Et paf ! Fin de la guerre ! Diantre ! Il leur en aura fallu du temps pour se réveiller ! Ah oui, mais on ne nous avait pas expliqué que les grands gouvernements étaient supplantés ? Et tout d’un coup, ils arrivent à nationaliser une des corporations la plus puissante de la planète ? Ce n’est pas très grave, hein. Je trouve ça juste un peu étrange.

L’AVIS DE G&P

Si vous possédez une des éditions précédentes, je pense que cette nouvelle version de Cyberpunk ne vaut l’investissement que pour l’amélioration du Netrunning (vous me direz que c’est déjà pas mal). L’univers est quasiment le même et absolument pas surprenant si vous avez joué à la version 2020. Et je trouve cela dommage.  Par contre, pour les néophytes, si vous voulez découvrir l’environnement et le monde sombre de cyberpunk, il n’y a pas à hésiter : allez-y ! Ce gros livre vous fournit tout le nécessaire pour jouer.

Pour finir, je pense que, peut-être, le problème de Cyberpunk se trouve que c’est la concurrence posée par d’autres jeux ayant le même thème et peut etre plus accessibles. Je pense à Nanochrome, par exemple.

J’AIME BEAUCOUP

FICHE TECHNIQUE

CYBERPUNK RED

Écriture et conception graphique par Mike Pondsmith, James Hutt, Cody Pondsmith, Jay Parker, J Gray, David Ackerman et Jaye Kovach.
Basé sur le travail original de David Ackerman, Matt Anacleto, Mike Blum, Edward Bolme, Colin Fisk, Dave Friedland, Bruce Harlick, Scott Hedrick, Michael LaBossiere, Mike MacDonald, Will Moss, Lisa Pondsmith, Mike Pondsmith, Derek Quintana , Mike Roter, Scott Ruggels, Craig Sheeley, Mark Schumann, Ross Winn, Benjamin Wright et les nombreux auteurs qui ont travaillé sur la gamme Cyberpunk par le passé.
Concept des Arcs par Flint Dille
Direction artistique de Jaye Kovach
Illustration de couverture de Anselm Zielonka
Illustrations intérieures et créations graphiques de Doug Anderson, Bad Moon Art Studio, Richard Bagnall, Santiago Betancur, Neil Branquinho, Alexander Dudar, Colin Fisk, Matthew S. Francella, Hélio Frazão, Huntang, J Gray, Maksym Harahulin, DariusK, Jaye Kovach, Bernard Kowalczuk, Adrian Marc, Jan Marek, Eddie Mendoza, Pedram Mohammadi, Alan Okamoto, Anna Podedworna, Sebastian Szmyd, Eve Ventrue, 望瑾 Jin Wang, Wavefront et Anselm Zielonka
Maquette par J Gray, Irrgardless et Adam Jury

Version française
Une publication Arkhane Asylum Publishing
Directeur de publication : Mathieu Saintout
Secrétaire d’édition : Fabien Marteau
Traduction : Caroline Hammer, Sandy Julien, Julie Plagès
Relecture : Olivier Larue
Maquette : Stéphanie Lairet

Matériel: livre de 456 pages A4 couleurs à couverture rigide
Prix: 55,00€
Site internet: https://www.arkhane-asylum.fr/cyberpunk-red/

Frederic Sapp

Vieux grognard du jeu de rôle, chroniqueur passionné, fan de Dungeons Crawl Classics mais pas que...

Frederic Sapp

Vieux grognard du jeu de rôle, chroniqueur passionné, fan de Dungeons Crawl Classics mais pas que...

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