Je suis absolument fan des histoires d’explorations exotiques. Sur des îles perdues, dans des jungles inextricables, au cœur de montages glacées ou de cavernes obscures et sans fin. Surtout si ces lieux cachent d’extraordinaires trésors, des temples oubliés ou de sombres secrets ancestraux. Les films comme Indiana Jones, des jeux vidéo comme Uncharted et Tomb Raider et, de manière plus générale, toute la littérature et le 8ème art pulps, j’adore. Alors, quand j’ai appris la sortie en français de The Lost Ruins of Arnak (sagement rebaptisé Les ruines perdues de Narak), inutile de préciser que je me suis jeté dessus. J’apparais en effet comme le client idéal.
La boite de jeu, qui nous montre une équipe d’explorateurs remontant un fleuve et souriant à la vue de ruines qui baignent dans une épaisse végétation tropicale, nous promet de l’aventure exotique, de l’action et une ambiance digne des serial des années 40. En fait, dans Les ruines perdues de Narak, chaque joueur dirige une équipe de téméraires aventuriers explorant l’île de Narak dans le but de découvrir les ruines d’une ancienne et mystérieuse civilisation. Une mission à la fois scientifique et intéressée puisque ces ruines et son temple sont censés être des lieux emplis de richesses. Mais attention, il n’y en aura pas pour tout le monde, il va falloir vous plonger rapidement dans cette jungle pour vous emparer avant les autres groupes des merveilles de l’île. De plus, vous allez devoir compter avec les redoutables Gardiens de Narak, que l’on dit féroces…
La boite est donc superbe et respire le thème. A l’intérieur, on découvre un matériel élégant, pratique (les tuiles sont bien épaisses, tout comme les cartes) et aussi joliment illustré que la boîte. Les meeples sont également de belle taille et ils feront le bonheur des maladroits. Le plateau est spacieux et réversible (pour plusieurs options de difficultés). Le livret de règles est assez épais (24 pages quand même), ce qui tend à confirmer le classement du jeu dans le domaine expert mais cela est compensé par une mise en page aérée, la présence d’une pléthore d’exemples et des tailles de police aptes à ravir les presbytes. La seule chose qui m’a un peu déçu, c’est l’absence total d’espaces de rangement dans la boîte. Préparez donc les élastiques et les sachets en plastique (ces derniers sont fournis, mais pas en assez grand nombre).
Les ruines perdues de Narak est un jeu de deck building et de placement d’ouvriers pour 1 (oui, oui) à 4 joueurs. Une partie se joue en cinq manches. Au cours d’une manche, les joueurs vont executer une action à chacun leur tour. Quand le dernier joueur a décidé de passer, la manche s’achève et l’on passe à la suivante. Dans une manche, quand vient son tour, un joueur va pouvoir jouer une carte, déplacer ou placer un meeple Archéologue pour explorer l’île afin de gagner des ressources, voire des points de victoire. Ainsi, ce jeu de Min & Elwen (le couple Michael Štach et Michaela Štachová) fusionne deux mécaniques éprouvées pour accoucher d’un gameplay qui peut apparaitre comme complexe mais qui, dans les faits, s’avère très fluide.
Chaque joueur débute la partie avec un deck de base de 6 cartes. Tous identiques : 2 cartes Exploration (qui rapporte des boussoles), 2 cartes Subvention (qui rapporte des pièces) et 2 cartes Peur (des cartes permettant de déplacer un Meeple mais qui amène des pénalités lors du décompte final). Les joueurs vont enrichir leurs decks en achetant des cartes – avec des Pièces, ou des Boussoles – dans une « rivière » qui contient des cartes Artefact et des cartes Équipement. Un système très malin fait que plus les manches défilent (plus les explorateurs s’enfonceront dans la jungle), plus la « rivière » proposera de cartes Artefact et moins de cartes Équipement.
Acheter une carte ou Jouer une carte pour résoudre son effet sont des actions que peuvent réaliser un joueur lorsque vient son tour. Il peut également déplacer un de ses deux meeples Archéologue sur la partie carte du plateau de jeu (pour excaver ou explorer) en payant le coût du transport, ou Rechercher (voir plus bas). Sur chaque carte figure des icones déplacement, parmi quatre types existants (à pied, en bateau, en voiture ou en avion). Les lieux autorisés au début de la partie (où figurent les camps de base) sont accessibles à pied. Pour les plus lointains, il va falloir payer en bateau ou en voiture. L’avion est un joker qui remplace n’importe moyen de transport. Une fois que votre Archéologue est arrivé sur le lieu, il peut Excaver le site s’il a déjà été Découvert, ce qui va lui rapporter diverses ressources (des pièces, des boussoles mais également des tablettes, des pointes de flèche et des joyaux). Si le site n’a pas été Découvert, il va alors l’Explorer, y découvrir une idole (qui rapporte des points de victoire) et, s’il le souhaite, Maitriser le Gardien des lieux. S’il n’effectue pas cette dernière action et que son explorateur est toujours sur le site à la fin de la manche, le joueur rajoute une carte Peur à son deck. Mais rien de plus grave.
Comme action, un joueur peut également lancer une Recherche. Pour ce faire, il va payer en ressources (celles découvertes en excavant, vous me suivez toujours ?) et avancer sur la piste des recherches qui figure à droite de la carte de l’île. Rechercher est un élément très important du jeu. En faisant progresser vos pions Loupe et Calepin, vous allez gagner des ressources et des bonus mais surtout atteindre finalement le fameux Temple Perdu, ce qui va vous rapporter un sacré paquet de points de victoire, notamment celui qui arrive le premier au sommet de la piste.
A la fin du cinquième tour, c’est le joueur qui a remporté le plus de points de victoire qui remporte la partie.
Les ruines perdues de Narak est présenté comme étant un jeu de type expert. Personnellement, je le classerai plus dans la gamme des gros jeux familiaux. Car, franchement, je ne trouve rien de complexe dans la mécanique mise au point par Min & Elwen, ou plutôt tout est tellement bien introduit et finement huilé que l’apprentissage est indolore. Après, c’est vrai, pour remporter la victoire, il est nécessaire de bien gérer plusieurs aspects du jeu, surveiller plusieurs critères, faire des choix judicieux (les cartes sont chères et les ressources rares), tout en gardant bien à l’œil ses adversaires. Mais rien d’ingérable, même pour les joueurs occasionnels, d’autant que les parties sont de durée raisonnable (comptez environ 90 minutes).
A côté de cela, il m’est très agréable de confirmer que le thème promis par l’illustration de la boîte est bien présent. On ressent vraiment l’atmosphère de l’aventure pulp à base d’exploration et cela même si les Gardiens ont un petit coté bisounours un brin incongru (bouh, ils font peur mais ils ne boufferont pas vos héros). En fait, cette île n’est pas vraiment dangereuse, pas plus que Koh Lantha. Le matériel est chouette, les illustrations réussies. Bref, Les ruines perdues de Narak, c’est très sympa.
A noter que Les ruines perdues de Narak propose également un mode solo. Il fera l’objet d’une prochaine critique, probablement une vidéo.
LES RUINES PERDUES DE NARAK
1 à 4 joueurs / environ 30mn/joueur / à partir de 12 ans
Auteur(s) : Min & Elwen
Illustrateur(s) : Jiří Kůs, Ondřej Hrdina, Jakub Politzer, František Sedláček, Milan Vavroň
Éditeur(s): Iello
Prix: 57,00€