1977. Le milieu ludique ne brille guère par une grande variété de genres dans ses gammes de jeux de rôle quand sort dans les salles de cinéma Star Wars : un nouvel espoir (ndr : baptisé simplement Star Wars à l’époque).
Cet univers de SF se voit alors dédié un jeu de rôle (Star Wars, le jeu de rôle qui affiche de grandes similitudes avec Traveller, de Marc Miller) motorisé avec le fameux D6 System. Des années plus tard, poussés par la sortie de nouveaux films Star Wars, transformant la saga de La Guerre des Étoiles en un véritable phénomène de pop-culture, de nouveaux jeux de rôle voient le jour, dotés des systèmes SAGA et D20 System.
En 2012, donc bien longtemps après la génèse de SW, Fantasy Flight Games récupère les droits et sort son jeu de rôle: Star Wars. Celui-ci utilise les fameux dés spéciaux propres aux produits de l’éditeur américain. Ce choix divise beaucoup mais le jeu est quand même un gros succès au point d’avoir 3 itérations. Aux confins de l’Empire propose, surtout, de jouer des contrebandiers et des chasseurs de prime. L’Âge de la Rébellion invite les joueurs à incarner des rebelles et enfin, Force et Destinées se concentre sur les utilisateurs de la Force.
Ces jeux sont réussis mais très coûteux pour celui qui voudrait tout acquérir. Sans parler des dés spéciaux (heureusement il existe à présent des applications qui nous font faire des économies). De plus, les jeux de FFG se concentrent sur la période exploitée par la trilogie originale.
Et si vous je disais qu’il existe, gratuitement, une adaptation de Star Wars utilisant le moteur de la 5e Edition et qui, de plus, permet de jouer dans toutes les époques de l’univers étendu de Star Wars.
En 2011 sort un Jeu de rôle Massivement Multijoueur : Star Wars The Old Republic, qui est le descendant des jeux de rôles très connus que sont Knights of the Old Republic 1 et 2. Le jeu fait sensation et propose pas moins de 8 scénarios, chacun taillé autour d’une classe de personnage selon la nature de son alignement, avec l’Empire ou la République. Si sur le plan du gameplay, le jeu ne casse pas trois pattes à un canard, c’est sur l’univers et le background que le jeu s’avère incroyable. On a affaire à un lot de personnages marquants. Avec Darth Marr, le chef du Conseil noir des Siths et de l’Armée impériale, tellement fort et si plongé dans le côté obscur que si le bougre ôte son masque, l’être faible qui en est témoin passe de vie à trépas. Ou encore notre inquisiteur Sith qui fait de la nécromancie avec des fantômes de seigneurs siths et qui finit par siéger au Conseil Noir.
Explorant à fond le lore de Star Wars, on a peut-être là la meilleure utilisation de Star Wars tout support confondu et cela sans être parasité par la famille Skywalker. Paradoxalement, j’ai toujours trouvé que Star Wars était compliqué à adapter et la seule version qui m’avait réellement convaincu était celle, fanmade aussi, utilisant Savage Worlds. Cependant, la létalité des sabres lasers brisait un peu le côté pulp et il n’était pas rare de voir des personnages joueurs se faire battre, voire être tué en un coup. Même si cela semble logique, ce n’était pas super fun.
Alors que je cherchais sur le net un univers de science-fantasy, on m’a proposé sur Facebook Star Wars 5e. En effet, Spelljammer n’a pas beaucoup convaincu les joueurs de D&D 5 et je préfère attendre l’adaptation de Pathfinder 2 pour Starfinder au lieu d’investir dans Starfinder 1. J’ai donc été dans un premier temps surpris et dubitatif. Avant d’être convaincu et, au fil de sa découverte, d’être de plus en plus satisfait de Star Wars 5e.
La première chose à souligner est que, comme c’est le cas pour des adaptations réussies comme Aventures à Rokugan, Historia ou Aventures en Terres du Milieu, l’alignement a été modifié. Dans SW5 l’alignement s’inspire de celui de Star Wars The Old Republic. Ce qui veut dire que l’on peut par exemple jouer un Sith “Lumineux” ou un Jedi “Noir” en passant par les très cools Jedi “gris”. Vous allez me dire « c’est cool mais c’est quoi ces différents types d’utilisateurs de la Force? Et bien, un Sith Lumineux pense d’abord à l’Empire et donc aux autres, il ira même parfois sauver des vies de serviteurs de l’Empire et éviter les pertes. Il aura peut-être même une forme d’honneur. Bref bien loin du Sith stéréotype ultra dark et manipulateur.
Le Jedi Noir est un Jedi qui a basculé du côté obscur mais sans obéir à une quelconque forme de hiérarchie ou de structure claire. Il peut accomplir des actions particulièrement immondes tout en gardant son calme. Ce sont parfois de véritables psychopathes qui dont leur aspect obscur rivalise avec celui des Siths à fond dans le côté obscur. Ils peuvent être de vraies saloperies. Asaji Ventress en est un bon exemple. Elle voulait devenir Sith mais le comte Dooku a toujours refusé cet enseignement car elle était trop instable psychologiquement.
Les Jedis gris existent avec deux variantes. La première n’hésite pas à pomper dans le côté obscur pour le plus grand nombre et parfois avec des formes inattendues telle la forme de combat au sabre laser pratiquée par Mace Windu : le Vaapad. Cette discipline demande de puiser dans son côté obscur pour faire des attaques dévastatrices et parfois inattendues (c’est également la forme de combat utilisée par Darth Sidious) pour retrouver son calme juste après. Cela en fait une discipline très difficile à manier pour un Jedi et très facile pour un Sith, de par leur idéologie. Qui Gon Jin était également un Jedi gris. L’autre variante des Jedi gris est moins problématique du point de vue alignement mais plus vis à vis du conseil Jedi car ils ont tendance à faire des entorses au règlement.
C’est donc là que SWTOR et le jeu de rôle se rejoignent car il est parfaitement possible de jouer un utilisateur de la force qui n’est ni Jedi, ni Sith. La faction de Revan dans SWTOR en est un parfait exemple et on a même, dès le tout début de l’histoire du chevalier Jedi, des hommes-requins qui finissent par utiliser la force et des sabres lasers sans aucune idéologie derrière. Et pour pouvoir jouer ce genre de personnage et avoir une absolue liberté de jouer ce que l’on veut, Star Wars 5e ne propose pas moins de 141 espèces, 61 historiques, 10 classes refaites et des tonnes de dons et options. Certains diront qu’on lorgne plus du côté de Pathfinder 2 mais, pourtant, rien n’est compliqué et l’on reste dans la philosophie de D&D 5. Grâce à la mythologie de la Haute République créée par Bioware (lesquels sont forcément rôlistes quand l’on voit la qualité de Dragon Age, Mass Effect et The Old Republic), c’est vraiment une galaxie de possibilités, sublimée par un système simple et qui s’est adapté.
Pour les classes, celles-ci sont vraiment adaptées à Star Wars et à son contexte guerrier. Ainsi sur les dix classes, on a trois utilisateurs de la Force, deux spécialistes en technologie, les moines, guerriers, barbares et roublards traditionnels et, enfin, l’érudit (qui encore une fois n’est pas non plus inutile au combat). Mais là où de nombreuses adaptations proposent de nouvelles classes et peu d’archétypes, Star Wars 5e en propose plein. Mieux encore, il récupère l’idée de filer un don avec l’historique et permet encore plus de personnalisation. Si l’on ajoute les nombreux styles de combat et de forme de combat au sabre laser, alors le jeu atteint une profondeur cosmique en termes de customisation de personnage.
Pourtant, là encore, mécaniquement, rien de compliqué. On est toujours sur du D20 + bonus de caractéristique + éventuellement maîtrise. Idem pour les pouvoirs (sorts). L’Inventaire est évidemment, lui aussi, très fourni et le jeu a pris le parti audacieux de ne pas rendre le sabre laser anti-armure de base mais, permet à des classes d’utilisateurs de la Force d’investir leurs points de force pour augmenter les dégâts au sabre laser. Un guerrier Sith niveau 2 peut par exemple faire 3D8 + force ou dextérité de dégâts. Gloups. On garde donc la létalité de cette arme tout en permettant aux personnages joueurs d’être hors normes.
Pour autant, bien que toutes les classes sont axés « combat » (l’érudit et l’ingénieur à un degré moindre), le jeu ne néglige pas le social. En témoigne le fait que le Charisme est la caractéristique des pouvoirs de la force des Siths alors que la Sagesse (et donc la volonté) est celle des Jedis. Logique. Et pour ceux qui ne sont ni l’un, ni l’autre, c’est au choix. Pour les classes ayant des pouvoirs technologiques, c’est bien entendu l’intelligence qui est sollicitée.
Le jeu possède également plusieurs suppléments et chaque livre en format PDF est simple à parcourir. A vrai dire, il est même aisé de les faire imprimer sur demande sur Drivethrurpg ou Lulu. Faut juste préparer les sous. Le premier, Scum et Villainy est un bestiaire bien fait et joliment illustré qui ne souffre que de ce souci de Dangerosité que j’ai déjà relevé dans ma critique de D&D 5. Mais c’est bien là son seul défaut. Le second, Wretched Hives est à la fois un compagnon et un petit setting fort sympathique. Enfin le dernier, Starships of the galaxy est évidemment un supplément sur les vaisseaux, éléments indispensables de Star Wars. Après tout, qui n’a jamais rêvé d’avoir son propre X-Wing, TIE Fighter ou même Falcon Millenium? C’est même un élément important dans Star Wars The Old Republic donc il est normal que les fans y aient pensé aussi.
Franchement, en dehors du manque d’écran et du prix de l’impression à la demande (et encore, c’est pour chipoter), ce Star Wars 5e est un vrai bijou, concocté par des passionnés qui se sont appropriés le système et ont été jusqu’au bout de leur démarche. Et le rendu est assez fantastique. Donc si vous aimez Star Wars, D&D 5 (ou Dragons ou Héros & Dargons ou Rôle’n’Play) et que vous n’êtes pas allergiques à la VO, il n’y a aucune raison de bouder vôtre plaisir.
Le site de Star Wars 5E : https://sw5e.com/