Vers le Ragnarök: la critique

Dites-moi, si vous êtes un connaisseur de la tradition asatruer, quand vous avez entendu parler du film Thor : Ragnarok, vous, vous vous êtes probablement dit “wouah, tragédie, combats épiques, monstres géants etc.”, non ? Et, au final, vous avez sûrement été, au mieux très surpris et, au pire, très déçus. Cela se comprend, cette vision de Marvel sur le folklore nordique a peut-être un peu froissé ses rares adeptes. Il faut dire que cette ancienne religion est aussi méconnue que fascinante et si Marvel avait fait la même chose avec la mythologie grecque (Comment ça ils ont ridiculisé Zeus?!), beaucoup en auraient criés au blasphème. Amis odinistes, rassurez-vous, Mana Project Studio n’a pas du tout adopté la même démarche quand il s’est lancé dans la création de Vers le Ragnarök.

Ici, Mana Project Studio, maison d’édition italienne qui a gagné plus en renommée grâce à Historia (voir la critique ici), Nightfell (un univers sombre à souhait) et très récemment Cowboy Bebop! nous propose un cadre de jeu basé sur la mythologie viking à la sauce Donjons et Dragons 5ème édition. Vue la qualité du produit, autant dire que même pour quelqu’un pour moi qui n’est pas spécialement fan des divinités nordiques, cela reste du moins un programme très alléchant.

La forme avant toute chose

La première chose que l’on peut noter, c’est que Vers le Ragnarök est absolument… sublime ! Certes, on aurait pu s’en douter. Estimer que c’était un minimum quand on voit à quel point Historia ou Nightfell sont somptueux. Vers le Ragnarök atteint le même niveau de qualité visuelle. Cet ouvrage séduit. La couverture est révélatrice et illustre de belle manière l’équilibre voulu entre la rudesse de l’univers viking, la tragédie du Ragnarök (qui est l’Apocalypse selon la mythologie viking) et l’héroïsme recherché par la 5ème édition.

Certains choix de texte sont excellents car les auteurs ont insisté pour que la partie technique soit à la fois compacte (on ne trouvera pas, par exemple, les sorts à l’autre bout du livre) et très lisible (ainsi les sorts sont en italique, beaucoup de titres sont soulignés, etc). Pour quelqu’un qui a une vue défaillante (comme votre serviteur) ou qui commence à être âgé, c’est fort agréable. Je n’ai eu pas besoin de zoomer (ndr : la version étudiée est la version PDF) et, donc, à 100% de taille d’écriture, c’est très lisible.

L’univers

Si vous êtes déjà convaincu par le thème général de Vers le Ragnarök, alors vous êtes peut-être sur le point d’acheter le livre ou le PDF. Ou vous l’avez déjà fait. Pour les autres, c’est l’univers et, encore une fois le choix de la forme, qui nous font prendre conscience du sérieux de l’entreprise des italiens de Mana Project Studio. En effet, la description de l’univers est divisée entre une partie semi-technique, avec les clans et les historiques, suivie de la description du monde avec ses cartes et ses développements. Il suffit juste de lire la table des matières pour se rendre compte de l’optimisation de l’ergonomie du livre. Chaque section est structurée de la même manière. Cela me rappelle Auroboros, un setting écrit par Chris Metzen (co-auteur et développeur de World of Warcraft et Diablo) qui, malgré sa taille et son épaisseur, est un bel exemple de structure et d’ergonomie.

Si l’univers est classique, il présente une petite touche personnelle avec les clans de vikings auxquels on peut appartenir. Il y aussi la classe du maître des runes, un magicien qui pourra être à la fois drôle et intéressant à jouer. Pour peu que vous utilisiez les dés (optionnels) spéciaux runiques, le gameplay de cette classe en devient unique.

Vers le Ragnarök

Alors, je vais être franc. Je n’ai pas joué ou fait jouer cette campagne ( je suis en ce moment sur une grosse campagne du Monde des ténèbres et j’attaque ce soir une fiction de Vampire sur Wattpad) mais j’ai pu la lire et, comment dire… C’est cool de voir une campagne qui respecte l’aspect l’épique de la couverture. Donc, oui, il y a des risques de se trouver face à Fenrir et, oui, il est aussi dangereux que celui décrit dans les anciens textes nordiques. Il y a également la possibilité (avec les risques liés) d’affronter Jormungandr, Hel et même Surtr. De ce que j’ai lu, je pense que l’est au niveau de la campagne de l’Odyssée des seigneurs dragons. Une autre référence de bonne adaptation de D&D 5 avec campagne comprise.

Alors tout va bien?

Malheureusement non, le jeu étant basé sur D&D 5, il existe des défauts inhérents à cette édition qui, de mon point de vue, ternissent un peu le tableau. Notamment, comme je l’ai déjà dit : le défaillant système de Dangerosité. Par exemple, Fenrir est considéré Dangerosité 24 alors qu’il est niveau 34. De même, à cause des défauts de D&D 5, la campagne “s’arrête” niveau 15…

Conclusion

Comme je l’ai dit, je ne suis pas spécialement fan des vikings et de leurs croyances (des défaites face aux vikings de For Honor y sont surement pour quelque chose).  J’ai également conscience des défauts de D&D 5 et, pourtant, si l’on me proposait une campagne de Vers le Ragnarök, je foncerai sans hésiter. J’aime jouer de vrais héros, vivre des moments épiques, avoir une influence sur l’avenir du monde et côtoyer des dieux. Ce jeu propose tout cela, en plus d’une belle charte graphique et d’une ergonomie aux petits oignons. Chose qui pour moi est un énorme point positif. Donc, à moins d’être vraiment allergique à D&D 5 ou à la mythologie nordique, prenez au moins le temps de tester cette campagne.