AIDES DE JEUJEU D'HISTOIRE & WARGAME

Mollwitz 1741 – un scénario pour Mousquet

Présentation

Mollwitz est un bon scénario d’introduction à Mousquet. Assez court, impliquant peu d’unités, il est aussi relativement intense et équilibré. Enfin, cette bataille démontre aussi que même pour un génie militaire comme Frédéric II l’apprentissage dans l’art de la guerre est une étape parfois difficile. Sont présentés ici les instructions pour les deux échelles de jeu disponibles avec Mousquet; l’echelle fast play pour deux joueurs et l’échelle Big Game (ou Multi-joueur)

La situation

A la fin de l’année 1740, le jeune roi de Prusse Frédéric II, qui n’est pas encore Frédéric le Grand, veut affirmer son autorité et décide de montrer sa détermination en annexant une région toujours désirée par le Brandebourg, la Silésie. Il pénètre alors dans le territoire de cette riche province avec 22 000 hommes, 13 000 chevaux et 32 bouches à feu, et comme ses aïeux avant lui, il se met à remonter l’Oder. Frédéric, pour l’occasion, et désirant sûrement démontrer ses capacité, se prive de l’aide de son précepteur, l’illustre prince d’Anhalt-Dessau, ce qui lui sera très néfaste. Il est cependant secondé par un officier de grande valeur, le maréchal Schwerin, à qui il confie le commandement d’un corps volant avec pour mission l’annexion du pays. Le 22 décembre, la force principale Prussienne investit Glogau sans forte résistance, puis se présente devant la capitale de Silésie, la cité autonome de Breslau, le 31 décembre. Bien que la magistrature de la ville ait reçu du maréchal Browne l’obligation de garder ses portes fermées, Frédéric entre dans la cité le 3 janvier. En effet, la population et les notables de la région sont protestants et largement favorables à la présence prussienne. Grace au zèle de la population, l’armée est logée et ravitaillée. Satisfait, le roi de Prusse confie alors les forces d’occupation à Schwerin et rentre à Berlin.

Mais la jeune impératrice Marie-Thérèse réagit, et confie au maréchal Neipperg la tache de récupérer la Silésie. Averti, Frédéric retourne auprès de l’armée, et le 2 avril, les deux forces se trouvent à moins de 25 kilomètres l’une de l’autre. Le but avoué de Neipperg est d’abord de libérer les cités de Neisse et de Berg et il fait presser la cadence de ses colonnes. Pendant plusieurs jours, les deux armées progressent parallèlement, Frédéric en profitant pour récupérer au passage ses troupes de garnison.

La bataille

Le 9 avril, le roi se rend compte que ses troupes, fatiguées par une semaine de marche dans la neige, ne pourront aller plus loin sans dommages et il se décide à livrer bataille. Le lendemain, près de la cité de Mollwitz, les Prussiens attaquent par surprise les Autrichiens qui parviennent à se mettre prestement en formation, mais ils sont cependant privés de leur artillerie, qui suit loin derrière. Le plus prompt à se mettre en bataille est le général Romer (un militaire Saxon de grande valeur) et son aile gauche de cavalerie. N’arrivant pas à obtenir de consignes de Neipperg, positionné à droite, il ordonne la charge. Le choc se produit alors entre les 30 escadrons de Romer et l’aile droite prussienne (composée en majeure partie des dragons de Schulenburg), moins nombreuse et surtout moins aguerrie. L’aile droite de Frédéric vole en éclat et la panique s’empare des dragons de Schulenburg (les ‘’bons à rien’’ comme les nommera le roi) ; une grande partie s’enfuit malgré les efforts de leur chef (le général Schulenburg) qui, désespéré et accablé par la honte, se jette dans la mêlée avec quelques courageux. Mais cet effort est vain, et la cavalerie autrichienne exaltée se met à poursuivre les fuyards à travers la première ligne d’infanterie ennemie, semant encore plus de désordre. Romer s’empare même de 6 canons prussiens mais il s’emmêle ensuite dans l’infanterie ennemie qui tire sur lui à bout portant. De plus la deuxième ligne Prussienne, inquiète, ouvre le feu sur la mêlée, touchant autant d’Autrichiens que de fantassins et cavaliers Prussiens. Le Saxon espère encore à ce moment le soutien de l’infanterie du général Suisse Goldlein qui avance bien mollement. Cinq fois, les Autrichiens chargent et rechargent pour essayer d’atteindre la deuxième ligne Prussienne, tenu fermement par le prince Léopold, qui évite pour le moment la déroute de l’armée entière. Le roi de Prusse ne reste pas inactif et essaye de stimuler ses troupes, mais il s’approche trop de l’ennemi ; son frère le margrave Karl est blessé et il manque d’être capturé. Schwerin le supplie alors de se retirer du champ de bataille pendant qu’il en est encore temps. Très troublé, le jeune roi accepte et en compagnie de deux aides de camp et de son ami, il prend la fuite, abandonnant le commandement à Schwerin.

Malgré les appels incessants de Romer, Goldlein ne fait pas charger l’infanterie, la bataille aurait été pourtant jouée, mais il tergiverse, attendant un ordre de Neipperg qui ne vient toujours pas.

Petit à petit, les Prussiens reprennent la situation en main et résistent aux multiples charges des cavaliers de Romer. Neipperg ordonne enfin à l’infanterie d’avancer à distance de tir, Goldlein obéit et avance avec réticence, une prémonition sans doute, car équipés de baguettes en bois, les bataillons Autrichiens ne font pas le poids face aux Prussiens, équipés de baguettes en fer (cadence de tir multipliée par 2,5). Mis à mal par la puissance de feu ennemie, et voyant Goldlein abattu par une balle, l’infanterie recule. Fou de rage, Neipperg ordonne au chef de la cavalerie de l’aile droite, Berlichingen, de charger. Mais, malgré de nombreuses tentatives, privé du soutien de l’infanterie et des hommes de Romer (tué un peu plus tôt au combat) qui ne veulent plus charger, Berlichingen échoue, et doit se replier hors de portée des mousquets ennemis. Après un raid des hussards autrichiens sur les bagages prussiens, les deux armées s’accordent un répit, en position défensive. Pour Neipperg, la situation est complexe ; Goldlein et Romer sont morts, la cavalerie de Berlichingen est épuisée après avoir traversé les bords marécageux des rivières et chargé de nombreuses fois, et il se retrouve presque à court de munitions, et de plus sans artillerie.

De l’autre côté, Schwerin sent l’embarras de son adversaire. Il resserre alors les rangs, fait déployer en grand les bannières, ordonnent aux musiciens de jouer, et devant son armée, il lance un gigantesque ‘’En avant !’’. Aux sons des tambours et des fifres, les Prussiens se dirigent alors vers l’ennemi, comme à la parade, sous les derniers rayons du soleil couchant. Très impressionnés, les Autrichiens vacillent ; la cavalerie refuse même l’ordre de charger. Schwerin doit se résigner à la retraite, et les Autrichiens quittent alors le champ de bataille, l’infanterie sous le commandement du général Browne et la cavalerie sous le commandement de Berlichingen. Epuisés mais satisfaits, les Prussiens ne poursuivent pas.

Les pertes sont plus élevées chez les Prussiens (4 613 hommes, plus de 25% des effectifs) que chez les Autrichiens (4 410 hommes), mais ils restent maîtres du terrain et ils bivouaquent dans les villages environnants, aussi la victoire leur est attribuée d’un commun accord.

A 4 heures du matin, une estafette retrouve Frédéric réfugié dans une maison de Loewen, et le roi apprend avec surprise que la bataille est gagnée.

La bataille a eu plusieurs tournants, le principal fait notoire est le manque de coordination des attaques autrichiennes ; une simple poussée des premières lignes d’infanterie de Goldlein et Browne au moment où Romer prend le dessus sur la droite prussienne aurait suffi probablement à plier la bataille en moins d’une heure. Les raisons de ces maladresses sont multiples, mais la plus évidente est l’effet de surprise créé par la soudaine attaque prussienne et le manque d’aides de camp de valeur dans le staff de Neipperg. Ce dernier est en effet obligé d’organiser lui-même totalement le côté droit de ses lignes et il ne peut communiquer librement avec Romer, et contrairement au fougueux général Saxon, les chefs de l’infanterie (pourtant expérimentés) ne prennent aucune initiative. Ensuite, les données changent, avec la mort de Romer, la cavalerie perd confiance, et l’infanterie Prussienne est de valeur largement supérieure à celle de son ennemi, grâce à son meilleur entraînement, mais aussi à l’utilisation des baguettes en fer instaurées par le prince d’Anhalt-Dessau.

Le 10 avril 1741, à Mollwitz, bien qu’il ne le sache pas encore, Frédéric II de Prusse vient de mettre le feu à l’Europe.

Scénario « Fast Play » pour deux joueurs

mollwitz-fastplay

Prusse

2 x Infanterie de ligne Elite (4 PC)

5 x Infanterie de ligne (4 PC)

1 x Artillerie de campagne (2 PC)

1 x Dragons (2PC)

1 x Dragons (3PC)

Total : 10 unités

Chef d’armée : Frédéric II (2/+2), puis Schwerin (3/+3/Charisme)

Commandement général : 2 PA

Autriche

5 x Infanterie de ligne (4 PC)

2 x Cuirassiers (3 PC)

1 x Dragons (2PC)

1 x Dragons (3PC)

1 x Hussards (2PC)

Total : 10 unités

Chef d’armée : Neipperg (1/+2)

Commandant : Römer (1/+1/Héroïque)

Commandement général : 2 PA

Les Autrichiens bougent en premier

Considérations

Prusse

L’aile droite de cavalerie prussienne était composée de cuirassiers et de dragons (une brigade des carabiniers de la Garde et une brigade des dragons de Schulenburg) mais ils ont très mal combattu à Mollwitz, aussi j’ai décidé de traiter l’unité comme une unité de dragons  à 2PC.

Les grenadiers présents dans l’aile droite ont été regroupés avec les autres grenadiers présents en première ligne (7 bataillons) pour former deux unités d’infanterie de ligne élite.

Les fusiliers présents en seconde ligne étant minoritaire, j’ai préféré représenter cette seconde ligne par quatre unités de mousquetaires à 4PC.

La cavalerie de l’aile gauche est représentée par une unité de dragons à 3PC pour représenter la prédominance de la brigade des dragons de Bayreuth (10 escadrons).

Frédéric II, qui connaissait son baptème du feu, n’a guère été inspiré avant de céder sa place à Schwerin. Pour cette raison, ses caractéristiques sont volontairement rabaissées au niveau 2/+2.

Autriche

Les cavaleries des ailes droite et gauche étaient composées de deux brigades de cuirassiers et une brigade de dragons (à gauche, sous Romer) et d’une brigade de cuirassiers et de deux de dragons (à droite, sous Berlichigen). J’ai regroupé le tout en essayant de garder l’équilibre, l’aile gauche est représentée par une unité de cuirassiers à 3PC et une unité de dragons à 3PC et l’aile droite est représentée par une unité de cuirassiers à 3PC et une unité de dragons à 2PC.

Même s’ils n’ont joué aucun rôle dans la bataille, les hussards sont représentés par une unité à 2PC.

REGLE SPECIALE :

La rivière ne peut être traversée que par le pont.

Frédéric II quitte le champ de bataille au tour 5 et est remplacé au commandement général par Schwerin. A ce moment, le commandement général passe à 3 PA.

CONDITIONS DE VICTOIRE :

Prussiens : 6 Points de victoire en 24 tours ou moins

Autrichiens : 6 points de victoire ou éviter la victoire des Prussiens.

Sources: Sean Chick (The War of Austrian Succession – 2008), Christopher Duffy (Frederick the Great: A Military Life 1985; The Wild Goose and the Eagle: A Life of Marshal von Browne 1964); The Military Experience of the Age of Reason 1987), Reed Browning (The War of the Austrian Succession 1993)

Scénario Big Game ou Multi-joueurs

mollwitz-big-game

 Autriche

Chef d’armée : Neipperg (1/+2/VT5)

Aile gauche de cavalerie

Commandant-en-second : Römer (1/+1/Héroïque)

2 x Cuirassiers (Birkenfeld / Lanthieri) 3PC

1 x Dragons (Althann) 3PC

1ere ligne infanterie

Commandant-en-second : Browne (2/+2/Charisme)

1 x Infanterie de ligne élite (Lothringen) 4PC

5 x Infanterie (Botta / Kollowrat / baden-baden /O’Glivy / von Lothringen) 4PC

2eme ligne infanterie

Commandant-en-second: Kollowrat (1/+1)

3 x Infanterie de ligne (Thungen / Grunne) 4PC

1 x Infanterie de ligne (Daun) 3PC

Aile droite de cavalerie Berlichingen

Commandant-en-second : Berlichingen (1/+1)

1 x Cuirassiers (Hohenzollern) 3PC

2 x Dragons (Wurttemberg / Liechtenstein) 3PC

1 x Hussards hongrois 2PC

Total : 15 unités

Prusse

Chef armée : Frederic II de Prusse (2/+2), puis von Schwerin (3/+3/Charisme) à partir du tour 5

Aile droite cavalerie

Commandant-en-second : Schulenberg (1/+1)

1 x Cuirassiers (Leib Carabiniers) 2PC

1 x Dragons (Schulenberg) 2PC

1 x Grenadiers 3PC

1ère ligne d’infanterie

Commandant-en-second : von Schwerin (3/+3/Charisme)

1 x Grenadiers elite (Leib Garde) 3PC

6 x Mousquetaires (Kleist/ Brandenburg/ Klackstein/ Waldburg/ Prinz leopold/ von Schwerin) 4PC

2 x Artillerie de campagne (2PC)

2eme ligne d’infanterie:

Commandant-en-second : von Marwitz (1/+1)

4 x Mousquetaires (anhalt/ von Borcke/ Brandeburg/ von Bredow) 4PC

1 x Fusiliers (Saxe-Eisenachy) 3PC

Aile gauche de cavalerie

Commandant-en-second: Posadowsky (1/+2)

1 x Dragons (Bayreuth) 3PC

1 x Cuirassiers (Brandenbourg) 3PC

1 x Hussards de la Garde 1PC

Total : 20 unités

Considérations

Tous les régiments d’infanterie possédant des canons de bataillon, aucun modificateur n’est appliqué et ils sont tout simplement ignorés.

Les cuirassiers sont de la cavalerie lourde, les dragons des dragons et les hussards de la cavalerie légère

Prusse

L’aile droite de cavalerie était composée d’une brigade de Leib Garde et de la grosse brigade de dragons de Schulenberg. Malgré les efforts de leurs chefs, ces deux unités se sont très mal défendues face à l’offensive de Romer. Pour cela, j’ai décidé de fixer leur niveau de Cohésion à 2PC. D’après Christopher Duffy, cette cavalerie était soutenue par un bataillon de grenadiers combinés, empruntés aux régiments de mousquetaires. Il est représenté ici par une unité de grenadiers à 3PC.

Les pièces de campagne du bataillon d’artillerie étaient disséminées sur la longueur de la première ligne d’infanterie. Elles sont représentées ici par deux unités d’artillerie à  2PC. La règle sur les canons à chambre doit être appliquée.

A l’aile gauche, la brigade des dragons de Bayreuth à 10 escadrons est représentée par une unité de dragons à 3PC. Si l’on veut marquer encore plus l’importance de cette brigade, il est possible de la représenter par deux unités de dragons à 2PC. Les cuirassiers du Brandebourg et les hussards de la garde formaient une brigade mixte. Dans l’intérêt du scénario, j’ai préféré la séparer en deux unités.

L’unité de grenadiers de la première ligne représente le régiment de Leib Garde mais également tous les grenadiers de la première ligne, réunis dans une seule unité.

Autriche

Les Autrichiens ne possédaient pas d’artillerie.

Les régiments d’infanterie de première ligne possédaient un bataillon de plus que ceux de la seconde ligne. Pour représenter cela, j’ai attribué seulement 3PC à un des régiments de seconde ligne (Daun).

Tous les régiments de ligne autrichiens avaient des grenadiers dans les rangs, contrairement aux régiments prussiens. Pour représenter cette présence dans les rangs, un régiment de ligne a été « upgradé » élite (Lothringen).

Toute la cavalerie autrichienne était composée de grosses brigades de 8 et 9 escadrons, aussi, toutes ces unités se voient attribuer une valeur de Cohésion de 3PC.

Selon Duffy, des unités d’hussards hongrois étaient présents dans la bataille, navigeant entre les deux lignes d’infanterie autrichiennes. Ils sont représentés par une unité à 2PC, attachée à l’aile droite de cavalerie.

Règles spéciales

La rivière ne peut être traversée que par le pont.

Frédéric II quitte le champ de bataille au tour 5 et est remplacé au commandement général par Schwerin et von Schwerin est remplacé par von Marwitz.

Conditions de victoire

Prussiens : 10 Points de victoire en 24 tours ou moins

Autrichiens : 10 points de victoire ou éviter la victoire des Prussiens.

Le contrôle du village de Grunninghen compte comme un point de victoire.

Sources: Sean Chick (The War of Austrian Succession – 2008), Christopher Duffy (Frederick the Great: A Military Life 1985; The Wild Goose and the Eagle: A Life of Marshal von Browne 1964); The Military Experience of the Age of Reason 1987), Reed Browning (The War of the Austrian Succession 1993),

 

Nicolas Lamberti

Nicolas Lamberti, journaliste et traducteur freelance, critique littéraire et réalisateur de télévision

Nicolas Lamberti

Nicolas Lamberti, journaliste et traducteur freelance, critique littéraire et réalisateur de télévision

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