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TIME OF LEGENDS: JOAN OF ARC, LE JEU DE RÔLE – LA CRITIQUE

Alors que les pledgers attendent, non sans impatience, la livraison de leur contribution, à savoir le jeu de plateau Time of Legends : Joan of Arc, de son coté, Black Book Editions surfe sur la jolie vague générée par le succès de la campagne de financement de Mythic Games pour proposer aux rôlistes un jeu de rôle inspiré de la création de Pascal Bernard.

BIENVENU AU XVe SIECLE !

Time of Legends : Joan of Arc, le jeu de rôle projette meneur de jeu et joueurs dans l’Europe médiévale. La palette des personnages disponibles est assez large, que cela soit dans les origines géographiques mais aussi sociales. Ainsi, les joueurs peuvent interpréter des chevaliers teutoniques lancés dans une croisade en terre lituanienne, ou de simples paysans gascons luttant pour leur survie. Cependant, pour introduire le jeu, les auteurs ont dû faire un choix et le scénario présent dans le livre de base (tout comme la campagne qui figure dans le livret fourni avec l’écran du meneur) place l’action en France, au XVe siècle. A côté de cela, la notion de groupe est importante, à la fois en matière de game-play mais aussi de role-play, et force est d’admettre qu’un groupe trop hétéroclite pourrait paraître incongru, voire peu crédible.

Time of Legends : Joan of Arc est un ouvrage ‘’tout en un’’ divisé en deux parties ; le livre du joueur (180 pages), et le livre du meneur (140 pages). Le moteur choisi par BBE est le DRS 5e. Les joueurs initiés à la mécanique D&D5, avec ses classes, ses dons, ses maîtrises, ses CAC et son système d’expérience, évolueront donc en terrain reconnu. Cependant, comme nous allons le voir, il y a quelques ajouts qui donnent à Joan of Arc une véritable identité.

Pour ce qui est de la mécanique des combats, on reste dans le système DRS 5e à la différence que les règles gèrent l’utilisation du plateau de jeu de Mythic Games (avec des figs de 15mm donc) et que le système des seuils de blessure et des blessures graves introduit l’utilisation des dés spéciaux du jeu de plateau. Mais il s’agit de deux options. Nul besoin de posséder le jeu de plateau pour jouer, et faire jouer, à Time of Legends : Joan of Arc. A noter la présence d’un module pour la reconstitution de batailles.

UN JEU ‘’RÉALISTE’’

Le monde de Time of Legends : Joan of Arc est réaliste. Enfin, presque… Il vaut savoir que Pascal Bernard, féru d’histoire, a construit le jeu de plateau sur une base réaliste et historique. Il est tout à fait possible d’aborder Joan of Arc comme un wargame grand public, ignorant tout élément fantastique. C’est du moins l’un des deux modes de jeu mais qui n’exploite pas tout le potentiel du produit car nombre de scénarios prennent en compte des événements fantastiques et mettent en scène des créatures légendaires (et de superbes figurines !). Un peu comme Battlelore en son temps. Pour le jeu de rôle, c’est pareil, à la différence que les auteurs ont étalonné 4 niveaux de fantastique. Le niveau 0 correspond à un univers où le fantastique n’est entretenu que par l’ignorance et la superstition alors que dans le niveau 4, vous avez une chance de boire un coup avec un loup-garou à la kermesse du village (j’exagère à peine). Pour mon cercle de jeu, j’ai opté pour un niveau intermédiaire entre 1 et 2 (oui, je suis un peu compliqué), histoire de mettre les joueurs dans une situation style ‘’le cul entre deux chaises’’, les invitant à s’appuyer le plus possible sur le concept des aspirations, le cœur du jeu, pour faire vivre leur personnage.

Les aspirations composent l’un des éléments originaux de Joan of Arc. Si vous jouiez jadis à Pendragon, le système ne vous sera pas inconnu. Chaque personnage est défini par trois jauges interdépendantes; la foi, le pragmatisme et la superstition, qui sont déterminées lors de la création du personnage. En plus d’être utilisées comme n’importe quelle caractéristique (le meneur peut, par exemple, demander un test de d’aspiration Foi, de DD15 pour résister à une tentation d’adultère), ces valeurs peuvent être dépensées, sous forme de points, pour améliorer les tests de compétence ou de combat du personnage, diminuer l’efficacité d’une attaque ennemie, etc. Mais les joueurs doivent investir leurs points avec pondération, car la vitesse de récupération est lente. A noter la présence d’une autre jauge, la jauge d’âme, qui mesure la damnation du personnage. Une accumulation de mauvaise action (suivant le code moral de l’époque) influe sur la jauge d’âme et peut amener un personnage vers un alignement Mauvais. Enfin, les aspirations aident les joueurs à faire vivre leur personnage avec cohérence.

LA CHAIR ET LE SANG

Même si le fantastique et l’horreur peuvent être présent dans le jeu, les règles veillent à que l’ensemble cultive l’aspect religieux en évaluant les personnages à partir de critères chrétiens. Aussi, si rien ne vous empêche d’autoriser vos joueurs à user de magie, avec introduction des sorts de soins, et d’introduire diverses créatures fantasy, c’est avec le risque de dénaturer totalement l’œuvre, la privant de son intérêt. Autant jouer à un autre jeu de rôle médiéval-fantastique. Par contre, si vous avez envie de mener des parties évoquant Les bâtisseurs de cathédrale, La chair et le sang, Le chien de guerre ou Au nom de la Rose, en y introduisant selon vos goûts un dose de surnaturel d’inspiration judéo-chrétienne, Time of Legends : Joan of Arc est parfait pour ça. Le meneur trouvera dans la partie qui lui est dédiée tout le nécessaire pour mettre en scène un environnement crédible mais empli de dangers ordinaires (épidémies, razzias, famines, inquisition…).

Le scénario de présentation met les joueurs dans la peau de pèlerins transportant le corps d’un proche vers sa demeure éternelle. Faisant étape dans un village, ils vont être témoins de faits étranges et inquiétants. Finalement impliqués, ils vont devoir résoudre le mystère pour sauver leurs vies et leurs âmes. Ce scénario reflète parfaitement l’idée que je me fais d’une séance de Joan of Arc ; peu de combat (deux en tout et pour tout, et de plus très brefs), une ambiance sombre, un mystère apte à chambouler les certitudes des personnages, qui finit par les faire douter de la véracité de leurs observations. Bref, un scénario d’investigation qui respire parfaitement l’air de la période.

L’AVIS DE G&P

Franchement, nous avons adoré. Il est vrai qu’avec nous, Time of Legends : Joan of arc, le jeu de rôle évolue en terrain favorable. Autour de la table, que des fans d’histoire médiévale, de wargames, et de jeux réalistes. En fait, ce jeu est fait pour nous, d’autant plus que le DRS 5e ne nous dérange pas – au contraire, maîtriser le système nous permet de nous concentrer sur les spécificités de la règle. Cela ne sera pas le cas de tout le monde, c’est certain, surtout concernant ‘’l’obligation’’ de se conformer au code moral de la période, sous peine de sortir du contexte, qui peut être appréhendé comme un désagréable carcan. Par contre, ce qui peut faire l’unanimité, c’est la qualité du travail, excellente, pour ce qui est de la retranscription de la période.

TIMES OF LEGENDS: JOAN OF ARC, LE JEU DE RÔLE est été financé via la plateforme kickstarter. La version française sera également disponible en boutique et sur le site de Black Book Editions (en version pdf et physique).

LA FICHE TECHNIQUE

TIME OF LEGENDS: JOAN OF ARC – LE JEU DE RÔLE

Rédaction: Laurent Bernasconi, Julien Dutel, Thomas Robert
Illustration de couverture: Bayard Wu
Illustrations: Solène Chastang, David Demaret, Stéphane Gantiez, Nicolas Jamme, Christophe Madura, Juliette Pompanon, Bayard Wu
Thèmes: Histoire / Fantastique / Médiéval / Guerre de cent ans
Mécaniques: D20
Matériel: livre de 320 pages couleurs format A4 à couverture rigide
Edition: Black Book Editions / Mythic Games
Distribution: Novalis
Prix: 50,00€


Nicolas Lamberti

Nicolas Lamberti, journaliste et traducteur freelance, critique littéraire et réalisateur de télévision

Nicolas Lamberti

Nicolas Lamberti, journaliste et traducteur freelance, critique littéraire et réalisateur de télévision

4 réflexions sur “TIME OF LEGENDS: JOAN OF ARC, LE JEU DE RÔLE – LA CRITIQUE

  • Super article ! J’attendais avec une impatience un article rédigé après avoir testé le scénario du livre de base. Les références cinématographiques sont bien trouvées et on ressent bien l’ambiance qu’il a dû y avoir autour de la table. J’adore cette idée de laisser au MJ le soin de décider du niveau de fantastique présent dans le jeu. Du coup, on doit tout le temps de demander si tel ou tel événement est rationnel ou pas.
    Je me demandais aussi si le système de jeu de D&D fonctionnait mais apparemment, ça passe. 😉

  • Oui, ça fonctionne, du moins pour ce qui concerne notre groupe qui utilise le système avec légèreté (on favorise plus le narratif que la simulation)

  • Ce jeu m’a énormément déçu, ayant mis plus de 700 dollars, j’ai pu le revendre sans trop perdre. Mais quand même. Mythic c’est du foutage de gueule. Quand je vois le nombre de revente je me dis que bientôt il ne fera plus parler de lui. Et tant mieux !!!

  • Bonjour Eric, un peu hors sujet, là, non? On cause ici du jeu de rôle édité par Black Book et non pas du jeu de plateau.

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